Le Chaos originel / Tout et Rien
En guise de point de départ, il s’agit de constater que la pensée antique, et notamment les philosophies émanant de Grèce, avaient du Néant une conception nettement différente de la nôtre. Mélissos, ce présocratique grec du Ve siècle av. JC, nous disait par exemple que : « Rien n’est vide. Car le vide n’est rien, et ce qui est rien ne peut pas être. » Aussi, on ne s’étonnera pas que le chiffre zéro ne fasse pas partie du système numéraire grec et latin : pour expliquer les origines du monde, on ne part pas de zéro. Zéro serait le Néant absolu. Mais si le Néant est absolu – comme nous dit Mélissos – il n’est plus le Néant. Zéro est donc impossible. Le Néant, c’est donc un, ou plus précisément à partir de un. Notre perception actuelle du Néant est généralement celle d’un espace paisible, vierge et uniforme. Mais selon le point de vue des Anciens, l’aspect paisible du Néant n’est qu’une simple apparence. Présentant des formes contradictoires, le Néant est un principe sans cesse « tourmenté » ; il construit et déconstruit, s’unit à son contraire ou se désunit, dévore ce qui le contrarie et s’ingère lui-même.
Le vide n’est pas un principe en soi, mais un principe déficient qui a besoin de créer son contraire pour exister. Rien ne peut pas exister s’il est Rien. Mais si Rien n’existe pas, il n’y a pas Rien. Rien a donc besoin de Tout. Tout est alors la béquille grâce à laquelle Rien maintient son règne. Mais Tout, c’est aussi le contraire de Rien.
Pour ne pas être confronté au Rien, le Tout des origines ne doit pas être son parfait opposé. Le Tout originel est donc simplement ce qui est juste après Rien. Il n’est qu’une pure abstraction sans aucune propriété ; autrement dit, il est juste une « idée » (dans le sens d’idéal) surgie de nulle part. Ainsi, il existe une idée du Tout, mais l’idée ne donne au Tout aucune caractéristique particulière et rien qui ne puisse le définir concrètement. Par conséquent, Tout et Rien se ressemblent comme deux jumeaux.
Grâce au Tout, le Rien parvient à échapper à ses propres contradictions. Mais simplement repoussées, les contradictions ne disparaissent pas, et c’est le Tout qui en hérite.
Presque semblable à Rien, ce Tout originel est bancal et, qui plus est, il n’est absolument pas aux proportions du Rien qui est presque Tout. Il en résulte un déséquilibre qui atteint lui-même les limites de l’extrême.
Afin d’établir un (ré)équilibre, Tout doit devenir l’exact opposé de Rien. Pour avoir des proportions équivalentes à son contraire, Tout doit évoluer. Le philosophe et théoricien grec Empédocle, dans son traité De la Nature, explique le mécanisme de ce rééquilibrage en utilisant comme allégorie le système des vases communicants : un vase se vide tandis que l’autre se remplit. Mais le « remplissage » du Tout suppose cette fois une démarcation radicale par rapport à Rien : Tout doit acquérir des propriétés qui en font un principe contraire au Rien.
Rien est informe, incolore, inconsistant ; par opposition Tout doit se concrétiser, prendre une épaisseur, une consistance, et apparaître autrement que sous les formes évanescentes d’un mirage. Rien est uniforme, confus et stérile ; à l’inverse, Tout doit créer le discernement, la diversité et la profusion. Rien est une force rentrante, centripète et qui s’ingère elle-même ; alors Tout doit se changer en une énergie expansive.
Cette opposition radicale au Rien est la seule façon d’aboutir aux formes distinctes d’un Tout définissable, qui dispose de ses propres caractéristiques, et n’a plus à obéir aux facéties du Rien. Auquel cas, on obtient un Tout qui existe vraiment, et non pas simplement le spectre d’un Tout incertain.
Cependant, il s’agit de détailler les mécanismes de cette transformation. Celle-ci procède par étapes : la première correspond à l’apparition de la matière, qui permet au Tout de devenir concret. Et la seconde est ce qui donne l’explosion des formes multiples de la diversité.
Donc, en principe, nous obtenons un enchaînement de transformations avec d’abord l’apparition de la matière et ensuite une évolution vers des créations variées. Mais une analyse plus minutieuse laisse apercevoir une contradiction. En effet, la création de la matière correspond à un rassemblement d’énergie qui permet de contrer les effets dévastateurs du Néant, alors que la diversité correspond au contraire à une dispersion de cette énergie, en vue de répondre à une représentation idéalisée du Tout.
Plus particulièrement, la matière agit comme un bouclier en s’épaississant et en se durcissant, aussi plus elle est dense et imposante et plus son opposition contre le Néant est efficace.
Inversement, le principe de diversité élabore des nuances qui s’affinent et évoluent vers des formes légères et fragiles. L’opposition du Tout s’affirme cette fois comme une réaction contre l’uniformité du Néant, et il s’agit d’une réaction non pas motivée par la nécessité, mais par un idéal.
Dans son Traité 51, Plotin qui est un néoplatonicien du IIIe siècle, s’est penché sur la question et a constaté que « la nature du monde est un mélange d’intellect et de nécessité. » Mais peut-être qu’il n’est pas très évident de comprendre pourquoi la matière est « nécessité », alors que le principe de diversité est seulement « intellect ».
Pour l’expliquer, Plotin montre qu’il existe une différence entre l’être individuel et l’Être universel. L’être individuel, qui appartient à la multitude, n’a pas de contraire au sens strict du terme. Par exemple, un arbre n’est pas contraint de s’opposer à un anti-arbre, ni une fleur à une anti-fleur, ni encore un oiseau à un anti-oiseau. Mais ce n’est pas le cas de l’Être universel (autrement dit le Tout), qui s’oppose au non-Être, c’est-à-dire au Néant. Pour cette raison, c’est en élaborant un système d’autodéfense, que le Tout parvient à se construire.
Ainsi, tout se passe comme si la matière était hésitante en raison de la nécessité de résister au Néant, et que cette hésitation mettait un frein au principe de diversité.
Les forces contraires de la Matière
De ce fait, la diversité devient esclave de la matière. Elle le devient pour de multiples raisons. Tout d’abord, la matière est ce qui apparaît initialement car elle est la première manifestation du Tout qui a besoin en priorité de la matière pour exister.
Ensuite, le principe de diversité est lui-même tributaire de la matière, dans la mesure où celle-ci lui est également nécessaire : il ne peut pas développer de formes multiples sans leur donner une consistance.
En dernier lieu, la matière investit la place du milieu. Se trouvant entre le Néant et la diversité, elle correspond à l’espace où s’équilibrent les forces antagonistes. De ce fait, elle occupe une place stratégique qui lui permet à la fois de contrer le Néant et de juguler la diversité.
Dès lors, il s’agit de se demander comment peut se manifester cette opposition de la matière au principe de diversité. Car si la matière empêche certaines formes d’évolutions, ces évolutions n’existent donc pas et dans ce cas, comment prouver ce qui n’a jamais existé ?
Pour cela, d’après Plotin, l’observation du monde naturel suffit. Plus particulièrement, il s’agit de s’attacher à l’étude des contraires. Pour s’expliquer, Plotin prend l’exemple de l’ombre et de la lumière : « l’abandon de la lumière permet de voir l’obscurité, car avec la lumière, l’obscurité ne pourrait être vue ; mais il n’est pas possible non plus de voir sans lumière. »
Dans cet exemple, il n’y a pas abandon de la lumière, mais abandon de la diversité.
Ce qui peut correspondre à un principe de diversité est la matière vivante, qui s’oppose à la matière inerte. Quand il y a la vie, des formes se détachent de la matière inerte et évoluent librement en donnant naissance à de multiples espèces aux caractéristiques très variées. Mais la vie est toujours une lutte contre une inertie de la matière, et le fait que d’innombrables créatures n’atteignent pas la maturité, fait également partie de la vie. Les forces vitales n’utilisent qu’une petite partie de leur potentiel : beaucoup de semis ne germeront jamais ; beaucoup de petits poissons ne seront jamais grands ; beaucoup de chenilles ne deviendront jamais papillons.
A l’opposé de la diversité, nous avons la matière. Si l’on doit chercher à savoir à quoi correspond la matière, on peut penser à la terre qui est à la fois le plus résistant des quatre éléments et celui qui sert de support à toute la chaîne vivante. On dit souvent de la terre qu’elle est une mère nourricière, mais en même temps, elle est la partie inerte et intemporelle de la nature, à la différence du monde vivant, qui doit toujours se régénérer pour se perpétuer.
En résumé, ce ne sont jamais les forces les plus solides ni les plus résistantes, qui représentent la diversité. Quant à chercher là où la vie est la plus endurcie, c’est indéniablement dans la matière inerte. Certes, un rocher n’appartient pas au monde animé des êtres vivants. Mais il est une manifestation de la vie au même titre que tout ce qui parvient à défier les lois du Néant. À cet égard, il triomphe en force sur la matière vivante et domine toute la biodiversité car il subit les épreuves du temps dans une très lente usure, et sans avoir à se nourrir ni à se reproduire.
Dans la mesure où les forces vitales sont plus solides dans la matière que dans les formes variées de la nature, il en résulte une détérioration du principe de diversité, par le fait même que la diversité se fait dévorer par la matière. C’est ce phénomène que Plotin prend soin de nous détailler : « les formes dans la matière ne sont pas les mêmes que ce qu’elles seraient si elles existaient en elles-mêmes, mais elles sont des principes matériels, corrompus dans la matière et infectés de cette nature. Car devenue maîtresse de ce qui est reflété en elle, elle le corrompt et détruit en y opposant sa propre nature qui est contraire, non pas en ajoutant le froid au chaud, mais en apportant son absence de forme à la forme du chaud, l’absence de figure à la figure, l’excès et la déficience à ce qui est mesuré, jusqu’à ce qu’il lui appartienne et ne s’appartienne plus, comme, dans la nutrition des animaux, l’apport n’est plus ce qu’il était en arrivant, mais devient le sang du chien (…) »
Aussi,
à partir de là, nous devons nous demander comment le principe de diversité
parvient malgré tout à se maintenir et à donner naissance à des formes
évoluées. Et qu’en est-il au sujet de l’homme ?
Commentaires
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je dirais genèse 1:1 "Au commencement Dieu créa les cieux et la terre..."
genèse 1:24 Et Dieu dit encore : “ Que la terre produise des âmes vivantes selon leurs espèces : animal domestique, animal qui se meut et bête sauvage de la terre selon son espèce. ” Et il en fut ainsi. 25 Et Dieu se mit à faire la bête sauvage de la terre selon son espèce, et l’animal domestique selon son espèce, et tout animal qui se meut sur le sol, selon son espèce. Et Dieu vit que [c’était] bon.
26 Et Dieu dit encore : “ Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu’ils tiennent dans la soumission les poissons de la mer, et les créatures volantes des cieux, et les animaux domestiques, et toute la terre, et tout animal se mouvant qui se meut sur la terre. ” 27 Et Dieu se mit à créer l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa ; mâle et femelle il les créa. 28 En outre, Dieu les bénit et Dieu leur dit : “ Soyez féconds et devenez nombreux, remplissez la terre et soumettez-la ; tenez dans la soumission les poissons de la mer, et les créatures volantes des cieux, et toute créature vivante qui se meut sur la terre. ”
La Bible parle de la création de la terre des cieux de la vie,des espèces animales,de façon très simple, elle révèle bien avant que l'on puisse le vérifier la rotondité de la terre suspendue ds le vide , elle parle des constellations en nomme plusieurs même!!
Pourquoi bcp semble refuser toutes ses preuves de l'existence de Dieu!!!
kissous chati