VEF Blog

Titre du blog : SILENCES ET NON-DITS de l'histoire antique
Auteur : emmanuellegrun
Date de création : 11-09-2008
 
posté le 13-09-2008 à 23:06:17

Des origines inattendues aux croyances et traditions religieuses



DIEU le PÈRE. - En latin, Dieu le Père se dit « deus pater », or pour les Romains de l'époque antique, c'est ainsi que l'on appelle Zeus. Autrement dit, l'idée commune qui veut qu'on ait un jour remplacé le dieu « païen » par celui de la chrétienté s'avère être quelque chose qui ne s'est jamais produit. Zeus et « deus » ont pour racine commune le nom indo-européen  [dios ], qui a donné également le nom du dieu germanique Thor, mais aussi la racine « ju » de Jupiter. A l'origine, « Ju-piter » était en deux mots et « piter », dérivant de « pater », voulait dire « père ». « Jupiter » signifiait donc « Zeus le père », ce qui en latin se traduit par « Deus Pater ». De même, l'antique expression « par Zeus » se retrouve dans l'apocope « pardi ». Comme il était blasphématoire de jurer en prononçant le nom de dieu, on en prononçait seulement la première partie (« di », au lieu de dieu).

Le nom de Zeus a également évolué en donnant « jeu » dans « Jeudi », qui est le « jour de Zeus » ; de la même manière, le nom du dieu germanique a évolué et a donné « thur », que l'on retrouve en anglais dans « Thursday », qui est « le jour du dieu Thor ». On croit souvent que les changements sont dus à des luttes d'opinions, parfois sanglantes, qui aboutissent à des renversements de pouvoir… mais en réalité ces changements ne sont que l'œuvre du temps. Relevé dans le Cratyle, de Platon : « D'abord voici une chose qu'il faut se mettre dans l'esprit au sujet des noms, c'est que souvent nous insérons des lettres ou nous en ôtons, en dérivant les noms d'où il nous plaît, et nous changeons la place des accents. Prenons pour exemple Diï philos (ami de Zeus) : pour faire un nom de cette locution, nous en avons ôté le second iota, et la syllabe du milieu qui portait l'accent aigu, est devenu grave dans la prononciation. » (Ibid. 388 e - 399 c)

 

 

 

Les MYSTERES. - A l'origine des Mystères, des rituels qui auraient permis à des personnes vivantes de voyager dans le monde des Morts pour y retrouver leurs proches décédés. Ces rituels sont très présents dans les religions nordiques, mais aussi chez les Celtes et on les retrouve encore en Afrique, dans les cultes animistes où des sorciers chamans jouent les intercesseurs entre ces deux mondes de la vie et de la mort. Pour accéder au royaume des morts, il faut d'abord respecter des règles de vertu avec la plus stricte rigueur. Viennent ensuite les rituels de purification avec ablutions et jeûne. Le sujet est ensuite isolé et il est invité à se recueillir. S'ensuivent un certain nombre d'épreuves qui, dans certains cas, poussent le sujet aux limites de ses capacités. Dans les régions du Nord de l'Europe, les initiés devaient s'aventurer seuls dans d'épaisses et obscures forêts et ils devaient apprendre à faire face aux multiples rigueurs de l'hiver. On ne sait pas combien de temps duraient ces rituels, mais aux détails donnés par les mythes, ils s'étendaient au moins sur plusieurs mois auxquels il fallait ajouter la durée du voyage pour ceux qui se trouvaient éloignés du lieu où se pratiquaient les rituels. On peut supposer que les conditions d'isolement associées à la fatigue et à la privation de nourriture devaient provoquer des états hallucinatoires qui, pour ces peuples du passé, correspondaient à un voyage dans l'Au-delà. Dans certaines initiations, la consommation d'alcool, de drogues et notamment de champignons hallucinogènes devait permettre d'atteindre plus facilement l'autre monde. Ces voyages initiatiques étaient jugés dangereux ; on pouvait y perdre la vie ou simplement, la raison. Seuls les sujets les plus vertueux étaient autorisés à revenir dans le monde des vivants ; ils étaient acclamés comme des héros et on les sollicitait pour savoir ce qu'ils avaient pu apercevoir de l'autre monde. Le premier héros grec non légendaire à avoir participé à cette initiation fut le célèbre Thésée. Aux récits qui racontent son aventure, on comprend que le roi d'Athènes dut d'abord se rendre dans des contrées éloignées. Au Ve siècle av.JC, ces initiations n'existent donc pas encore en Grèce. Mais d'autres formes de mystagogie ont pris place, notamment grâce au mythe d'Orphée. Le mythe d'Orphée raconte, lui aussi, un de ces voyages dans « les Enfers », terme qui signifiait anciennement le monde des morts. Cependant, les initiations ne vont plus avoir le même but. Il ne s'agira plus de voyager dans l'Au-delà, mais de percer le mystère de certains mythes afin d'avoir des éclaircissements, voire des révélations sur les parties obscures de la religion. Ainsi, la naissance des Mystères, dont les épreuves initiatiques, plus tempérées que celles des « barbares » accueilleront un nombre considérable d'adeptes. Pythagore sera un des adeptes de l'orphisme et imposera lui-même, pour sa propre école, des rituels initiatiques. Les réunions des Mystères avaient souvent lieu dans des grottes dans lesquelles des poètes, devins ou haruspices enseignaient aux néophytes les interprétations secrètes de la religion. Parfois, il existait des séances de divination et dans certains cas, des représentations théâtrales jouaient les événements d'un mythe. Les Mystères n'avaient pas toujours un aspect mystique et pouvaient être également des réunions philosophiques dans lesquelles on annonçait les dernières avancées de la science.

 

 Au fil des siècles, les Mystères prendront de plus en plus d'importance et favoriseront considérablement le développement du monothéisme. En effet, presque tous les cultes qui ont développé des Mystères défendaient des thèses monothéistes. La franc-maçonnerie serait, selon l'avis de certains, un héritage de ces rituels antiques. Il est difficile de s'en assurer, même si on sait que les symboles combinés du compas et de l'équerre étaient déjà utilisés à l'occasion de certains Mystères.
Les divinités faisant l'objet de cultes à Mystères furent : la triade Déméter, Perséphone et Hadès, pour les mystères d'Éleusis et de Samothrace ; Dionysos (Bacchus), qui devint Zagréos dans les Mystères orphiques ; Isis, pour des Mystères d'origine égyptienne ; Cybèle (ou Magna Mater) ; Mithra (ou Sol Invictus) ; Horus (devenant Harpocrate) ; Artémis (Diane) ; Apollon ; les Telchnides (divinités magiciennes de Rhodes)…

 

Le BAPTÊME. - Ce rituel existe dans l'Antiquité la plus reculée et on le trouve sur tous les continents, en Inde, en Mésopotamie, en Egypte… En Grèce et à Rome, les rituels de purification en rapport avec l'eau ont toujours eu une très grande importance. Certains temples ont été construits près des rivières de façon à ce que la rivière sépare le monde sacré du monde profane. Pour accéder au temple, la seule solution était donc de s'immerger dans l'eau de la rivière. Les rituels de baptême, d'ablution et d'aspersion sont pratiqués à de multiples occasions : animal sacrifié, rite initiatique, fête religieuse…

  Au cours de la période romaine, ce rituel est systématique à chaque « passage » dans tous les sens du terme : passage du seuil d'un sanctuaire, passage des saisons, passage à la vie adulte… L'eau est l'élément de Neptune qui est le dieu de la transition et des métamorphoses. On l'utilise aussi pour les naissances, les mariages et lors des décès. A ce sujet, rappelons que le défunt doit traverser la rivière du Styx s'il souhaite rejoindre le monde d'Hadès. A Rome, tous les enfants qui naissaient étaient baptisés, bien avant l'instauration du christianisme. L'eau bénite existait déjà et on en trouvait dans les temples. En Grèce, on inventa même un distributeur d'eau bénite, qui fut le premier distributeur automatique de l'histoire !