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Titre du blog : SILENCES ET NON-DITS de l'histoire antique
Auteur : emmanuellegrun
Date de création : 11-09-2008
 
posté le 30-09-2008 à 00:24:02

Va-t-on vers un scénario catastrophe ?

Va-t-on, comme nos ancêtres grecs auraient pu le prévoir, vers un scénario catastrophe ?


 

 

 

( NDA : Ce texte est simplement un " billet d'humeur " et ne correspond pas à un extrait du livre, où les sujets ne sont pas traités avec la même légèreté).

 

Comment comprendre le “ miracle grec “ ? Certains d’entre nous ne voient pas pourquoi il faudrait s’intéresser à la lointaine histoire de nos origines. L’Antiquité, c’est loin et puis le passé, c’est le passé. Grave erreur, car c’est en regardant nos origines que nous pouvons mieux comprendre la société dans laquelle nous vivons, tout comme les astronomes essayent d’explorer le plus loin possible dans l’espace pour mieux comprendre le fonctionnement de notre  « planète bleue ».

 

Comprendre ce que nous avons appelé  le « miracle grec », c’est réussir à savoir qui nous sommes aujourd’hui et ce qui va nous arriver demain.

 

 

Les deux dynasties d’Ouranos et de Cronos

 

Pour aller au plus direct, imaginons deux types de dynasties.

 

 La première dynastie se nomme Ouranos, ce qui en grec veut dire  le « ciel », mais en fait de ciel, il faudrait plutôt parler de néant, car dans la dynastie d’Ouranos toute chose matérielle n’est qu’éphémère et donc seul le néant, qui est l‘éternité absolue, est la puissance suprême. 

 

Mais il existe une seconde dynastie : celle de Cronos. Cronos, en grec, signifie « le temps », mais le temps est surtout utilisé comme un outil servant à «  posséder » et à « dévorer ».

 

Les Grecs n’inventent rien. Ils partent d’observations concrètes. Ainsi, commencent-ils par distinguer deux types différents de civilisations.    

 

Dans la dynastie d’Ouranos, la terre est le monde impur, par rapport au ciel, qui est le monde parfait. Toutes les réalités terrestres et donc la vie elle-même n’ont aucune valeur par rapport à la force indestructible de cet espace vide du ciel.

 

Dans la dynastie de Cronos, au contraire, le ciel n’a aucune importance car on ne peut pas le posséder. L’essentiel est donc dans tout ce qui peut satisfaire les appétits de l’homme, autrement dit, les réalités terrestres et matérielles. 

 

La mythologie précise qu’Ouranos emprisonne ses enfants tandis que Cronos tente de les dévorer. En fin de compte, bien qu’opposées, ces deux civilisations se ressemblent pour donner un net avantage « aux puissances destructrices ». Or, si les puissances destructrices dominent sur les forces de la création, nous avons une situation qui s’appelle «  le Chaos ». La dynastie d’Ouranos et celle de Cronos, génèrent l’une et l’autre le Chaos, et c’est pour ça qu’elles ne sont pas dirigées par des dieux, mais par leurs ennemis, qui sont les Titans.

 

 

Dictature religieuse et dictature matérialiste

 

 

En fin de compte, la dynastie d’Ouranos est une dictature religieuse, tandis que la dynastie de Cronos est une dictature matérialiste. Cela ne nous rappelle-t-il pas quelque chose ? Evidemment : on est  tenté de comparer avec des modèles de civilisations récents ou modernes. Ainsi, ce que nous voyons aujourd’hui comme régime en Iran, en Arabie Saoudite ou au Pakistan…  peut s’apparenter à la dynastie d’Ouranos. De même, notre Moyen-Âge européen correspond tout à fait à ce type de dynastie.

 

A présent, l’Amérique matérialiste avec tous ses excès et l’Europe, qui adopte son modèle, peuvent être, quant à eux, comparés à la dynastie de Cronos.

 

Dans la dictature religieuse, l’homme n’est qu’un amas de poussière. Sa vie sur terre n’est qu’un bref passage. Le bonheur individuel ne compte pas, car les réalités terrestres sont impures. Le vrai bonheur est de croire que derrière le vide, il y a tout. Autrement dit : il faut croire que tout est dans le vide, ou que le vide est tout. Cela rejoint tout à fait les descriptions qui ont été faites au sujet d’Ouranos.

 

Dans la dictature matérialiste, on distingue seulement deux catégories d’hommes : le producteur et le consommateur, mais seule une élite restreinte détient les moyens de production. On a la même chose avec le bétail : seules quelques bêtes, à qui on laisse tous les attributs, peuvent servir à la (re)production, tandis que les autres – les castrés – ont pour seul bonheur, celui de consommer.

 

 

 

 

La société de consommation et son unique solution :  consommer

 

 

La comparaison peut paraître étonnante, alors étudions un peu plus en détail les mécanismes de cette société dans laquelle nous vivons. Déjà, partons d’une déduction très simple : quand il y a un problème, la seule solution est de réfléchir. Donc, il faut faire appel à son intelligence aussi ceux qui trouvent des solutions aux problèmes se trouvent forcément parmi les gens les plus intelligents.

 

Toutefois, on peut penser que l’intelligence ne se suffit pas à elle-même. Pour pouvoir faire fonctionner pleinement ses facultés intellectuelles, on a besoin de connaissances, de compétences, de lucidité et également de sentiments…

 

A présent, supposons des sujets intelligents qui se trouvent dans des contextes favorables pour réfléchir. Dans ce cas, toutes les conditions sont réunies pour obtenir des solutions. Mais il faut encore pouvoir appliquer ces solutions. Pour cela, les sujets intelligents ont besoin de moyens de communication et de moyens matériels. Sans ces moyens, les solutions ne peuvent pas être concrétisées et elles risquent également de ne pas être crédibles.

 

Puisque nous avons pu détailler les différentes étapes nécessaires pour aller du problème à la solution, à nouveau, posons un regard sur la société de consommation qui est la nôtre. Là, nous constatons que les problèmes vont en s’accroissant et qu’on trouve de moins en moins de solutions. Donc déjà, il n’y a pas un état stationnaire, puisqu’il y a chaque fois davantage de problèmes. De plus, ces problèmes ne trouvent pas de solutions comme si les priorités étaient ailleurs. Autrement dit, on cherche des solutions, ou on fait semblant de le faire, mais sans tenir compte des conditions nécessaires qui permettent à des personnes intelligentes d’appliquer les bonnes solutions.

 

Pourtant, si on ne trouve pas de solutions aux problèmes, cela ne peut bloquer que dans les trois niveaux qui ont été détaillés précédemment :  soit ceux qui réfléchissent aux problèmes ne sont pas assez intelligents ; soit ceux qui sont intelligents n’ont pas les moyens de réfléchir (mauvaise éducation, enseignements insuffisants…) ; ou bien, certains ont les solutions mais ils ne réussissent pas à se faire entendre et n’ont pas les moyens matériels suffisants pour remédier aux problèmes.

 

On peut toujours se demander quel niveau est principalement concerné. Mais il faut aussi faire un constat général : de toute évidence les élites intellectuelles ont cessé d’être responsabilisées comme elles l’étaient auparavant. On pense que c’est seulement aux producteurs de résoudre les problèmes ou sinon, on doit croire à des problèmes insolubles. Quant à l’intelligence et aux diplômes, ils ne servent qu’à briller en société, afin de rendre envieux les amis et les voisins. Et pour cause : plus on gagne facilement sa vie et plus on peut consommer ; telle est la règle absolue de notre société.

 

 

 

Le consommateur, un individu infantilisé

 

 

 La bête qui peut seulement consommer, adopte toute sa vie les comportements d’un bébé animal pour dépendre de son maître comme d’une mère nourricière. De même, le consommateur fait de notre société une sorte de mère nourricière, capable de lui apporter tous les bonheurs, sans qu’il ait besoin de réfléchir, d’aimer ni même d’agir pour le bien commun. Pour le consommateur, tout se mange et donc, tout est produit de consommation, y compris les femmes (pour les hommes) ou les hommes (pour les femmes), ou encore la culture, les loisirs quand ce n’est pas la vie elle-même. On dévore ce qu’on aime et on dévore aussi ses rivaux, et cela pour atteindre l’unique modèle du consommateur idéal. Car, bien sûr, plus on consomme et plus on devient un modèle irréprochable de consommateur ; de même la gentille bête qui écoute bien son maître sera toujours plus gâtée et plus engraissée par ce dernier.  Si cette comparaison est possible, ce n’est pas un hasard et donc rien n’est vraiment exagéré. Le célèbre Taylor, qui a instauré le capitalisme, a réellement cherché à adapter les lois de Darwin à l’homme. Ainsi, il voyait dans l’ouvrier productif un bon étalon, tandis que l’ouvrier improductif n’était qu’une mauvaise mule. Mais le capitalisme évoluant, l’ouvrier a cessé d’appartenir à la caste des (re)producteurs : aujourd’hui, les seuls « étalons »  ne sont que les grands financiers de la jet society. Du moins, voilà certainement la vision que les Grecs auraient eu de notre société de consommation. A ce sujet, rappelons que le Titan Cronos fut lui-même un castrateur, puisqu’il commença par mutiler son propre géniteur, Ouranos.

 

A présent, il s’agit de comprendre que les choses se passent dans un ordre précis. Dans la mythologie antique, on a d’abord Ouranos. Ouranos engendre Cronos. Cronos parvient à se révolter et à destituer son père pour lui usurper le trône. Mais Cronos ne réussit pas à faire mieux que son géniteur : à force de tout «  dévorer », on revient au néant et donc au règne absolu d’Ouranos. Ouranos et Cronos se méprisent l’un et l’autre, et chacun cherche à prendre la place de son rival, dans une sorte de lutte perpétuelle. De là, des civilisations qui alternent : de la dictature religieuse on passe à la dictature matérialiste et de la dictature matérialiste, on retombe dans la dictature religieuse.

 

Mais au fait, que sommes-nous en train de comparer ? Des civilisations modernes ? Mais les dynasties d’Ouranos et de Cronos, servent-elles à décrire des civilisations modernes ? Non, et c’est là le plus grave !  Les Grecs, qui étaient là plusieurs milliers d’années avant nous, n’ont pas connu nos modèles de civilisation. Mais alors qui est Ouranos ? et qui est Cronos ?

 

 

 

La civilisation primitive, telle qu’on peut la définir

 

 

La réponse est effarante, mais elle va de soi : Ouranos et Cronos, appartiennent en fin de compte à une période antérieure à celle des premières civilisations. Ouranos et Cronos ne servent qu’à décrire les deux types de sociétés primitives qui ont existé au cours de la préhistoire – ce qui correspond, pour les Anciens, à la période du Chaos originel – ceci afin d’expliquer pourquoi cette sempiternelle période de la préhistoire est restée figée pendant des millions d’années, avant que ne soient posées les premières pierres de la civilisation .

 

Essayons de détailler la situation : dans ces temps originels, pas de passé, pas de civilisation, pas d’acquis, pas de connaissance. Autrement dit, même s’il est doté d’une intelligence, l’homme primitif n’a pas la possibilité de faire fonctionner ses méninges : il n’a donc que les facultés d’un animal aussi, ce sont d’abord les hommes les plus forts et les plus cruels qui parviennent à dominer les autres. Mais comme les mauvais spécimens dominent les meilleurs, il est impossible que l’homme puisse évoluer, de là les deux dynasties d’Ouranos et de Cronos qui caractérisent ces temps originels.

 

 

 

 

Une troisième civilisation à inventer : celle du juste milieu

 

 

Puisque ni Ouranos, ni Cronos ne permettent de quitter les temps originels, on devine la suite. De l’observation de ces deux dynasties va naître la civilisation idéale : celle qui permet un juste équilibre entre la terre et le ciel.

 

Que signifie au juste ce rééquilibre ? Pour nous en faire une idée plus précise, imaginons deux manières extrêmes, pour un père, d’éduquer un enfant. Dans le premier cas, le père prive son enfant de tout et l’empêche de grandir. Dans le second cas, le père autorise tout à son enfant et le laisse se comporter comme un tyran, ce qui l’empêche également d’atteindre une maturité. Comparons le dirigeant à un père et le peuple à sa progéniture. Dans la dynastie d’Ouranos, le dirigeant est comme un père d’une très grande sévérité, car il le prive de tous les bonheurs matériels ; le peuple est bombardé de lois qui interdisent, réglementent et sanctionnent ; son seul bonheur est dans l’espoir d’une vie meilleure après la mort. Dans la dynastie d’Ouranos, le dirigeant est au contraire comme un père très permissif et très laxiste ; il autorise toutes les débauches de fortune et toutes les libertés dans les mœurs. Aussi, le peuple devient esclave d’une forme de décadence…

 

Dans la dynastie d’Ouranos, la tyrannie du père est aussi dans celle d’un dieu qui a autorité sur tout et fait de l’homme un être insignifiant et misérable.

 

Dans la dynastie de Cronos, le père est comme absent et l’homme se comporte comme s’il était lui-même un dieu.

 

Ces deux modèles de civilisation révèlent des excès évidents et il importe de pouvoir les corriger. Les premières leçons de sagesse des présocratiques commencent là. La civilisation idéale ne doit donc être ni trop sévère, ni trop permissive. Cela oblige les populations à s’interroger sur le sens et la valeur du pouvoir : qu’est-ce que le « juste pouvoir » ? Il faut alors réfléchir à des dieux qui sont justes et à des dirigeants qui ne soient ni trop stricts, ni trop laxistes.

 

Dans le modèle religieux, Zeus devient le bon père qui sait être généreux et punir quand il le faut ; pour que la religion soit juste ; elle doit être tolérante mais sans excès. Ainsi, elle tolère une diversité des cultes qui s’adapte à la personnalité et aux aspirations des différentes natures humaines.

 

Dans le modèle politique, le régime idéal est la démocratie, car le meilleur des pouvoirs est celui qui réunit tous les talents. Aussi, les « bons pères » sont ceux qui aident les hommes à atteindre une maturité en développant leurs talents.

Pour les premiers Grecs, quand on avait choisi d’honorer les «  vrais dieux », c’est-à-dire ceux qui savaient être justes, en évitant le danger des excès, alors on obtenait de bons dirigeants et dans un état bien dirigé, les habitants devenaient forcément de bons parents pour leurs enfants.

 

Ainsi, après une lutte terrible contre les dynasties d’Ouranos et de Cronos, une civilisation nouvelle vit le jour ; une civilisation qui savait éviter tous les excès de la tyrannie et grâce à cela tous les hommes pouvaient s’y épanouir librement. Cette civilisation donna naissance à une nouvelle ère qui s’appela « l’âge d’or ». Et c’est comme ça, d’après la légende, que furent écrites les premières pages de l’histoire.

 

 

Disparition d’un modèle de civilisation et retour forcé au Chaos des origines

 

 

Tant que s’imposaient les dynasties d’Ouranos et de Cronos, impossible de fonder des civilisations et impossible de quitter la préhistoire. Aujourd’hui, qu’est-ce que cela signifie ? 

 

Comme nous l’avons vu, les deux modèles de civilisations que nous avons s’apparentent tout à fait aux deux dynasties d’Ouranos et de Cronos. Malgré les acquis de le Renaissance, nous avons fini par oublier le modèle intermédiaire. Mais sans ce modèle, aucune civilisation ne peut tenir.

 

Ainsi, un lent retour vers la préhistoire. Cela commence d’abord par l’effondrement de la dynastie de Cronos qui rejoint celle d’Ouranos. Puis, celle d’Ouranos s’effondre à son tour…

 

Autrement dit, il faudrait s’attendre dans l’avenir à un effondrement des sociétés de consommation qui, progressivement, vont se radicaliser et devenir des dictatures religieuses. Et ces dictatures religieuses, à leur tour, vont tomber en déliquescence…

 

Et ce sera de nouveau la préhistoire, ou tout comme…

 

A moins qu’il y ait un nouveau « miracle ».


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(En images : Cronos dévorant ses enfants)

 

Commentaires

xmissbzh le 13-04-2009 à 16:37:22
Très bonne analyse... Je te mets en favoris. à+

Houps!!! J'avais oublié je t'ai déjà en favoris.

salut
audeladecettevie le 13-04-2009 à 16:04:03
Hello, je répondrai que nous vivons déjà un scénario catastrophique mais que la fin du film réservera des surprises à beaucoup.


DE TOUT temps, depuis l’antique Babylone jusqu’à notre époque, les chefs politiques ont consulté des astrologues et des voyantes ou médiums, afin de connaître l’avenir. Ils ont cherché par des moyens surnaturels à acquérir la prescience qui leur permettrait de gouverner avec succès. L’étude de la politique, depuis l’origine jusqu’au dernier quart du vingtième siècle, démontre que toutes les informations ainsi obtenues se sont avérées trompeuses. Rien d’étonnant que le monde soit dans la confusion totale et que ses dirigeants ne sachent de quel côté se tourner. Les nations dans l’angoisse ont recours à des mesures arbitraires et les hommes ont toute raison de redouter le pire. Sur la terre, nul n’est capable d’apporter le vrai remède. La seule chose à faire est de se détourner des astrologues, des médiums et de la source occulte trompeuse qui les conduit, et de se tourner vers le Dieu suprême de toutes choses, le Dieu Très-Haut, qui mettra en place le gouvernement universel à venir.

Oui comme tu le vois je suis croyante avec comme livre de chevet , la Bible,vraiment les réponses à toutes nos questions s'y trouve!!

L'as tu déjà lue?

Bien à toi chati
kersandil le 20-10-2008 à 01:11:50
Véritablement passionnant.

Tu as une manière d'écrire remarquable, et tes paroles sont justes.


Ces parallèles ont hélas déjà été établis.

Mais la masse consommatrice n'aime pas être qualifiée de bétail, et réfute tout ceci d'un mouvement d'épaule négligeant, se confinant ainsi dans l'obscurité de la non-réflexion.


L'Homme n'apprends guère de ses erreurs, il lui faut un choc pour cela. Et le choc passé, l'Homme se réinstalle dans sa tiède quiétude, et les générations suivantes oublient.


J'ai eu grand plaisir à passer sur ton blog.

Un grand merci.
Galate2 le 14-10-2008 à 19:58:40
intéressant.
annielamarmotte le 14-10-2008 à 13:19:01
je sens qu'il va falloir que je revienne..... en tout cas je te met en lien