Ancienne francilienne, installée dans le Perche depuis trois ans, je suis devenue une adepte de la rando asinienne. Mordue des ânes (aïe !), j'ai commencé par en louer avant d'avoir mon propre âne (à ne pas confondre avec propane) que j'ai moi-même éduqué à la rando.
MES EXPERIENCES
En point de départ de cette passion, quelques petites randos asiniennes de 3 jours à plusieurs. Puis, en 2005, je me suis lancée : traversée de la France d'Est en Ouest (frontière italienne jusqu'à Hendaye), avec un âne loué 3 mois à un éleveur du Béarn. Magnifique voyage que j'ai raconté dans un journal de bord, devenu ensuite un livre. Mais après il a fallu s'en séparer, snirf ! Coup très dur pour l'âme sensible que je suis (J'ai bien dit âme et pas âne ! ). Plus jamais ça. Donc, déménagement pour habiter une maison avec un grand pré et c'est ainsi que Chéri est entré dans ma vie. Chéri c'est le nom de mon âne, qu'on ne se trompe pas.
Puis il y a eu le premier départ avec Chéri : les ponts de la Loire de Saumur à Nantes, en Avril 2007 (à 2), puis le pont de l'île de Ré (à 2), toujours en Avril 2007. Puis en été, les ponts de Normandie (à 2), et en Aout, je suis allée (seule) du pied du pont d'Avignon au viaduc de Millau, en passant par le pont du Gard. Quel est le point commun à toutes ces randos ? Le pont, bien sûr, car j'ai voulu faire une rando sur ce thème. C'est beau les ponts, non ?
L'été 2008, rando d'un autre genre ; je suis partie avec une amie et deux ados pour une rando de 300 km dans le Centre.
Bref, au total déjà plusieurs milliers de km avec un âne et je suis passée par les endroits plus impossibles et les plus inimaginables ; de la vraie aventure, et cela peut commencer au pas de ma porte : pas besoin de s'envoler à l'autre bout du monde pour chercher le dépaysement !
PROJET 2009
A présent, venons en au projet pour cet été 2009. Cette fois, le thème sera : " rando avec un âne et 1 € en poche ". Oui, vous avez bien compris : je n'aurai pas plus d'un euro sur moi. Pas de carnet de chèque, ni de carte bleue, seulement des sacoches bien remplies de produits alimentaires, ainsi que de mes livres (un sur le thème de la rando, un autre sur l’histoire antique).
Mon trajet, qui commencera le 24 juillet (à confirmer), aura pour point de départ les environs de Montluçon, et le but sera bien sûr d'essayer de tenir le plus longtemps possible (au moins 3 semaines). Et, comme vous avez pu le comprendre, tout cela ne dépend pas que de moi, mais aussi de la solidarité et de l'envie pour certains de partager cette expérience.
En point de départ, les magnifiques volcans d’Auvergne avec notamment le Puy de Dôme.
Ensuite, descente en direction du Puy-en-Velay où je retrouve une partie du chemin de Compostelle.
Pour faire les choses bien, alors que nous serons au mois d’Août, descente sur la côté bondée de complexes touristiques, mais moi je n’en aurai pas (de complexes). En fait, j’aime bien mélanger les genres et le contraste entre ma façon de voyager et celle du touriste caricatural m’amuse. Après Alès, cap plein sud pour me rendre à la Grande-Motte. Et ce n’est pas par hasard car dans ce lieu horrible et archi-bétonné, ma fille doit y passer 15 jours. A ma fille, je lui avais offert un voyage en Angleterre, et voilà où elle préfère se rendre... Mais qu’importe, y a la maman qui peut passer avec son âne et qui va pouvoir voir sa grande fifille. Enfin, j’espère que ça lui donnera envie d’essayer autre chose...
Si tout se passe bien, petite remontée sur Arles, Salon de Provence et Aix en Provence (pour éviter Marseille, à moins que...) et direction la Côte d’Azur, jusqu’à Toulon.
A Toulon, tentative pour prendre le Ferry pour la Corse, pour une arrivée à l’Ile Rousse. De là, descente vers Ajaccio en passant par Porto (où je dois normalement retrouver un ami).
Ensuite, deux options : soit je descends tout au Sud, à Bonifacio, pour m’arrêter là, soit je tente de reprendre le ferry à Ajaccio, pour débarquer à Nice. De Nice, je fais la Côte d’Azur jusqu’à St Trop. On arrive alors aux premiers jours de Septembre.
Après, soit j’appelle le van qui doit venir me rechercher, soit j’essaye de remonter, cette dernière initiative me paraissant très improbable vu qu’il y aura là, un ras-le-bol qui commencera à se faire sentir.
Bien sûr, ce ne sont que de vagues “prévisions” dans ce genre de défi qui reste très aléatoire. Peut-être que mon voyage devra s’interrompre avant même que je puisse atteindre la mer. Je précise d’ailleurs que je n’ai pas choisi la facilité, car en me rendant dans des lieux très touristiques et peu habitués à accueillir des randonneurs, je risque de me retrouver dans des situations très compliquées à la fois pour dormir, me nourrir et faire manger l’âne. C’est pour ça qu’il est possible également qu’il y ait des modifications du trajet.
Au cours de la randonnée, je prévois de faire un petit reportage filmé. J’aurais également une grande bâche, sur laquelle, avec un feutre indélébile, on pourra me laisser des messages moyennant une petite pièce symbolique. J’espère ensuite avoir des occasions d’exposer la bâche.
J’essayerais soit de vendre, soit de troquer mes livres. Le premier est très bien pour tenir une serviette de plage. Le second, mis sur le visage, vous évitera les coups de soleil. Enfin, si vous n’êtes pas que superficiels, vous pourrez aussi les lire ; je vous assure, ils vous feront voyager eux aussi.
Comme le défi de ce voyage est de partir avec seulement 1 € symbolique, il me sera bien sûr interdit de demander des espèces sonnantes et trébuchantes à ma famille ou à des proches. A moi seule de me débrouiller, mais de façon honnête qu’on s’entende (à part peut-être, quelques petits fruits chapardés dans des champs...). De même, je ne me prostitue pas, je ne vends pas mes organes et je ne vais pas faire la quête à la sortie des églises et je n’irai pas égorger des poulets dans des poulaillers... Mais peut-être des possibilités d’improviser des conférences en chemin, qui peuvent être sur l’un ou l’autre des thèmes de mon livre...
Sinon, je suis ouverte à – presque – toutes les propositions. Si certains se trouvent sur mon trajet au moment où je passe et s’ils ont la possibilité de m’accueillir avec un âne, alors pourquoi pas ?
En fin de compte, il y a deux types de rencontres qui pourraient saboter complètement ma randonnée : la première serait que quelqu'un décide de m'offrir une valise avec un million d'euros ; la seconde que personne ne veuille me proposer quoi que ce soit, aucune invitation, ni la moindre proposition d'hébergement. Donc, vous avez compris : ne m'offrez pas des millions, mais si vous avez la possibilité de m'accueillir avec mon âne pour un repas ou un hébergement sur mon chemin, ce serait vraiment très très bien...
Alors, peut-être à cet été sur les chemins
Ânemicalement.
Emmanuelle Grün
Livres :
Du Soleil dans les yeux et le pas de l'âne comme un cœur qui bat. Journal d'une traversée de la France avec un âne. Editeur : Yvelinédition. 18 € en librairie.
Egalement sur l'histoire antique :
Silences et non dits de l'histoire antique. Yvelinédition.21 € en librairie
Vidéo
Enfin révélée le vrai centre de la France.
L'année dernière j'ai arrêté ma rando, peu après Chazemais, c'est à dire selon ce qui serait le "vrai" centre géographique de la France métropolitaine (Corse comprise). Ce n'était pas programmé : l'âne s'est mis à boiter à ce moment-là. Beau symbole, d'où l'idée d'en faire mon point de départ pour ma prochaine rando. Sur la vidéo, nous sommes 2 jours avant l'étape finale.