Une nouvelle conférence sur le thème de mon dernier livre : LES SILENCES ET NON DITS DE L'HISTOIRE ANTIQUE, est prévue le Samedi 21 Mars à 17 h à la Maison de la Grèce. L'entrée est gratuite.
L'adresse : 9, rue Mesnil – 75016 PARIS. Métro : Victoir Hugo.
La salle appartient à l'ambassade grecque. Vous aurez donc le drapeau grec à l'entrée.
A ce sujet, je remercie vivement les personnes de l'ambassade qui m'ont accordé la salle en ce jour très symbolique du printemps, alors que les Grecs, en cette période, célèbrent leur fête nationale.
Je souhaite aussi remercier ceux de l'association HELIKON qui sont à l'origine de cette initiative.
Pour ceux qui auront reçu une invitation ou se seront inscrits au registre de l'entrée, un cocktail et buffet le seront offerts au terme de la conférence.
En ce qui concerne le contenu de la conférence : sera abordée principalement l'histoire de la Grèce antique, sous des angles différents qui seront celui des découvertes et inventions d'une part, et celui de la philosophie et des religions d'autre part avec notamment l'importante question de l'existence de mythes fondateurs. L'intérêt de cette conférence sera non seulement de dévoiler les " silences et non dits ", mais aussi de montrer ce que la Grèce antique, et l'Antiquité d'une manière générale, ont pu nous laisser comme héritage.
Ouverte à tous, cette conférence laissera à chacun la liberté d'intervenir, pour donner son avis et débattre.
Je terminerai en faisant remarquer que des conférences qui abordent de front ce genre de thème sont des plus rares et si vous êtes intéressé(es) par le sujet, je vous invite donc à ne pas la louper.
Dans la partie commentaire, naïf a voulu donner son avis sur mon article: " va-t-on vers un scénario catastrophe " mais également sur ma façon, un peu trop conciliante à son goût, de considérer les étrangers. Comme il ne manquait pas d'arguments, j'ai décidé de lui répondre.
L'article : " Va-t-on vers un scénario catastrophe " se trouve en début de la page 3. Le commentaire de Naïf et ma réponse se trouvent quant à eux en fin de page 3 en bas de l'article : l'Antiquité, mes élèves, mes ânes.
Une belle histoire à lire jusqu’au bout ; elle ne manquera certainement pas de vous étonner et de changer votre point de vue des étrangers. Elle est arrivée à un de mes élèves et elle est donc parfaitement authentique. Seuls les noms des personnes concernées ont été changés.
Si mes cours de FLE sont une porte ouverte pour les étrangers de ma région qui veulent ou ont besoin d’apprendre le français, ils sont également, pour certains, une sorte de port d’attache et, parfois aussi, un lieu de rencontres.
L’élève dont je veux vous parler est un Tunisien à l’air jovial. De belle allure et de bonne condition physique, il ne fait pas ses 50 ans. Mais surtout, chez lui, on remarque ses airs étonnés et sa vision un peu candide des réalités, qui en font un perpétuel adolescent à la fois taquin et plein de gentillesse.
Aussi, on est un peu surpris d’apprendre ce que fut sa vie passée en Tunisie. Artisan bijoutier, habitué à voir passer sous ses doigts des diamants, des saphirs, des émeraudes et toutes sortes de perles rares, il avait réussi à se faire une belle situation et avait vécu, avec sa famille, dans des conditions très confortables.
Mais, d’après lui, ce qui fit sa richesse, fit aussi sa ruine. Là-bas, même pour ses proches, il ne fut qu’un coffre-fort. Sans doute avait-on remarqué sa très grande gentillesse et sa facilité à faire confiance ; de toute part, il fut abusé et entraîné dans des coups tordus. Il divorça d’une femme qui essaya, elle aussi, de lui soutirer son argent et eut à faire face à une avalanche de procès. Mais là-bas, la corruption est partout ; impossible d’avoir confiance en la Justice. La seule solution, fut donc aussi la plus extrême : tout abandonner à ces prédateurs qui en voulaient tant à sa fortune, et s’exiler. Ainsi, mon élève – nous l’appellerons Mounir – laissa derrière lui tous ses biens et se retrouva en France, plus démuni et plus seul que jamais.
Mais il réussit à obtenir des papiers et une société d’aides à la personne le prit sous sonaile pour ainsi dire ; ses recruteurs avaient aussitôt repéré chez cet homme d’excellentes qualités manuelles en plus d’un côté sérieux et volontaire. Mais à cela, il restait un obstacle : la langue. Aussi, c’est cette sociéré qui envoya Mounir à mes cours.
Quand Mounir est arrivé, on avait l’impression d’avoir un homme abattu, au bout du rouleau ; en fin de compte, il était en pleine dépression. Mais très vite son comportement se transforma et, indéniablement, mes cours y étaient pour quelque chose.
En effet, grâce aux cours, Mounir put sortir de son isolement et le contact avec les autres élèves lui redonna une autre vigueur et une joie de vivre tout à fait inattendue. Autant dire, la métamorphose fut totale. Ses progrès en français ne furent pas aussi rapides que l’évolution de son moral, néanmoins il tenait bon et s’acharnait avec une certaine constance qui l’aidait à avancer. A ses efforts, on devinait que la montée était dure, mais il avait aussi la patience et la tenacité de la tortue qui arrive, parfois, à doubler le lièvre. Peu à peu, il se mit à comprendre, puis à parler, mais il faut dire qu’il avait là une raison supplémentaire qui le motivait ; celle de communiquer avec les autres élèves qui, bin souvent, n’étaient pas capables de le comprendre dans sa langue.
Ainsi, Mounir apprit bien vite à mettre de l’ambiance dans les cours et, il faut dire les choses, il était assez doué pour ça. Avec ses questions déconcertantes, ses intonations, sa manière de déformer le sens des phrases, parfois involontairement, il réussissait assez facilement à provoquer des fous rire, ce qui le rendit rapidement très sympathique aux yeux des autres élèves et, surtout, je dirais, des jeunes filles. Car bien sûr, pour ce grand cœur esseulé qu’était Mounir, l’idée d’une conquête féminine ne tarda à le tarauder. Mais au lieu de se tourner vers des femmes de sa communauté, comme on aurait pu s’y attendre, c’est à la communauté philippine qu’il s’intéressa.
Dans cette communauté philippine, presque essentiellement des femmes, filles mères pour la plupart, et qui envoient à leurs enfants restés au pays, une partie de leur salaire durement gagné en France, dans des heures de ménage ou de garde d’enfants.
Aux Philippines, on est dans une telle misère noire, que bien des pères refusent de prendre en charge l’éducation de leurs enfants. Alors, soit on est dans une famille traditionnelle où les jeunes filles vierges sont mariées contre leur gré à des maris qu’elles n’ont pas choisi ; soit les jeunes filles sont laissées libres et dans ce cas, la plupart du temps, elles se retrouvent seules à élever leurs enfants.
Mais le désespoir de ces jeunes femmes ne s’arrête pas là ; trop démunies pour pouvoir subenir aux besoins de leurs enfants, toutes courent après des solutions qui leur font éviter une vie de mendicité dans la rue. Certaines essayent le chemin des études, mais là encore, peu d’espoir d’ascension, ni de s’en sortir. Aussi, l’unique porte suscepitble de s’ouvrir sur leurs rêves devient l’étranger. Cependant, quelle porte bien dangereuse quand on connaît les pays susceptibles de recruter ces femmes ; l’un de ces Edolrado n’est autre que l’Arabie Saoudite où, certes, les pétrodollards coulent à flot, mais où – comme chacun sait – les conditions de la femme sont des plus terribles.
Pour ces Philippines, le besoin d’argent est tellement prioritaire qu’elles négligent les risquent qu’elles encourent à se rendre dans des pays comme celui-ci. Pour elles, aucun danger n’est assez grand pour les dissuader d’un changement de vie. Il faut absolument qu’elles tentent le tout pour le tout, non seulement pour elles mais aussi pour leurs enfants, et le sacrifice d’une mère pour son enfant, ça peut même être aussi la mort.
Aussi, beaucoup d’entre elles tombent dans le piège de familles saoudiennes, qui saisissent leurs papiers et en font des esclaves. Les unes sont battues ; les autres violées ; on les empêche de sortir, de dormir, de manger à leur faim. Dans ce pays, on continue encore à lapider les femmes, à couper des mains et à trancher des têtes. D’après une de mes élèves, là-bas, après une exécution publique, les spectateurs applaudissent. Comme au spectacle, ils se sont bie régalés... C’est dire les mentalités.
Comment fuir cet enfer, dans un pays où c’est la barbarie qui fait la loi et la moralité de tout un peuple ? Beaucoup n’y parviendront sans doute jamais. Mais dans les têtes de ces femmes, il y a quand même une toute petite lueur qui brille, juste une petite lueur qui les aide à tenir et à supporter l’insupportable. Chaque matin, à leur réveil, elles ont cette lueur qui les aide à se lever et chaque soir c’est cette même lueur qui les aide à s’endormir. Et quelle est donc cette peitte lumière qui leur donne tant la force d’espérer ? Tout simplement, elles ont entendu parler d’un pays ; dans ce pays, pas autant de luxe et de richesse qu’en Arabie Saoudite, mais il y a quelque chose de bien plus précieux et que l’on appelle les Droits de l’Homme. Ce pays, bien sûr, c’est la France, et c’est ça ce qui permet à ses femmes de tenir dans l’enfer.
Pour une de mes élèves, le miracle eut lieu au cours d’un voyage. La famille saoudienne qui la retenait comme esclave avait décidé de passer ses vacances en France : une véritable aubaine pour mon élève, qui ne loupa pas l’occasion de prendre la poudre d’escampette. C’est donc comme ça qu’elle est arrivée en France ; en fuyant ses tortionnaires.
Pour d’autres, la solution reste celle de passeurs clandestins. C’est très dangereux, très incertain et surtout très cher, mais là encore, cela reste l’unique solution. Et ce qu’ a choisi cette maman philippine que nous appellerons Marica. Marica a pu laisser ses enfants à sa famille en échange de promesses d’argent, qu’elle enverrait de l’étranger. Mais Marica ne peut pas payer. Cependant, il lui reste une maison. Si elle la vend, elle pourra donner un peu d’argent à ses enfants, et tout le reste ira à un passeur. Tout le reste, c’est-à-dire, l’équivalent de 10.000 euros, ce qui là-bas, correspond à l’argent de toute une vie.
Comme Mounir, Marica doit se séparer de tous ses biens à des vautours, et elle va se retrouver en France, seule et sans ressources. Mais l’essentiel est là : elle est France ; elle peut vivre librement et travailler pour ses enfants : elle fait partie des heureuses rescapées de l’enfer. Rapidement, elle va finir par trouver des heures de ménage et se débrouiller pour partager le loyer d’une chambre de bonne avec une amie.
Marica ne parle pas français, mais elle hésite à prendre des cours. Ses expériences passées ont fait d’elle une femme effarouchée. Elle se méfie de tout, y compris des structures administratives. Marica est seulement passée dans l’association, juste pour voir, mais elle n’est pas restée ; son seul refuge, ce sont ses amies philippines et elle ne voit donc pas l’intérêt d’apprendre la langue ; ses amies philippines seront de toute façon sa seule famille.
Marica croit ça, mais en fin de compte, elle va se tromper. Car, quelques années plus tard, celui qu’elle rencontre, c’est Mounir. Mounir et Marica ne parlent pas la même langue ; ils n’ont pas la même culture, ni les mêmes traditions, ni la même religion ; tout les sépare, sauf bien sûr ce desrin de naufragé de la vie qui les ont fait échouer l’un et l’autre en France. Alors, Marica prend une décision ; elle fait sa valise et va s’installer chez Mounir.
On pourrait dire qu’il s’agit là, pour l’un et l’autre, de l’heureux dénouement d’un terrible parcours, qui les mène enfin, à une vie tranquille et tant méritée, où enfin il devient possible de goûter à la saveur du bonheur. Mais leur histoire ne s’arrête pas là...
Après son travail, Marica doit prendre un train dans une gare de Versailles. Arrivent des policiers. Contrôle d’identité. On lui demande ses papiers. Marica n’en a pas. Marica ne prendra pas son train, comme prévu ; elle est emmenée dans un commissariat de l’Essonne.
Quand Mounir apprend la nouvelle, c’est le coup de massu. Marica est sa seule joie de vivre, son seul bonheur. En France, il n’a qu’elle ; sans elle, il va se retrouver une fois encore, seul au monde... Aussi, à l’instant même où Mounir apprend la nouvelle, sa décision est déjà prise : il fera tout, absoluement tout pour essayer de libérer son amie. Et déjà, il commence par manquer son travail pour aller la retrouver dans le commissariat de l’Essonne.
Quand il arrive sur place, il demande aussitôt des nouvelles de Marica et on essaye alors de le rassurer : son amie va bien. Mais Mounir entend pleurer et, pas de doute, c’est bien Marica qui pleure. Comment peut-elle aller bien si elle pleure ? Il demande à la voir. Et là, quelle surprise : Marica n’est pas dans une cellule, non, mais dans une cage d’un mètre sur un mètre, sans eau ni électricité, et infectée par d’insupportables odeurs d’urine et d’excrément. Et c’est dans ce lieu insupportable, où certains hésiteraient à mettre leur chien, que Marica doit rester enfermer 48 heures, sans vêtement de rechange, sans brosse à dents... rien. Pour Mounir, la situation est presque aussi intolérable que pour son amie. Pas question qu’il la laisse, pas question qu’il l’abandonne. D’ailleurs, Marica lui supplie de l’aider.
Marica ne parle pas français, et pour Mounir, s’exprimer dans cette langue reste difficile, mais il peut y arriver. Son seul espoir est là ; il doit appeler “à l’aide” et il faut parler français pour cela. Or, des deux, seul Mounir peut le faire.
Sans attendre, Mounir va retrouver la communauté philippine. Là, il va bientôt pouvoir parler aux amies de Marica et bénéficier d’un précieux soutien. Du moins, c’est ce qu’il croit. Mais quand il arrive, les Philippins sont soudains frappés d’une étrange amnésie. Marica ? Mais c’est qui ? On ne connaît pas cette personne là...
Mounir à compris ; il n’aura personne pour l’aider et pour aider Marica. Dès lors, il n’y a plus que lui pour tenter d’entreprendre quelque chose. Ainsi, tout le destin de Marica, désormais, repose sur ses seules épaules. Car Mounir, bien sûr, veut croire qu’il est possible de la libérer. Ici, c’est le pays des Droits de l’Homme, la Justice n’est pas corrompue comme dans son pays. Ici, on peut encore croire à la Justice.
Quarante-huit heures se sont écoulées. Pas de libérations possibles pour Marica. Celle-ci doit être alors transférée dans le Centre de rétention de Plaisir, où des étrangers du monde entier attendent sans grand espoir, le moment d’être jugé.
Changement total de décor ; cette fois des cellules spacieuses avec des draps propres et les repas qui sont servis, offrent une nourriture de bonne qualité et appétissante. Marica est tellement stupéfaite par ce confort, qu’elle en oublie presque les raisons de sa détention : elle a presque l’impression d’être à l’hôtel.
Mais pour Mounir, le moral est au plus bas. Il finit par comprendre : l’espoir de libérer Marica est faible. Même s’il a décidé de poursuivre son combat, il ne sait plus très bien ce qu’il doit croire. Peut-être qu’il a déjà perdiu son amie ; peut-être qu’il devrait déjà commencer à l’oublier.
Mais tant qu’elle sera là, il ne la laissera pas. Tant qu’il restera des solutions, il les emploiera, les unes après les autres, jusqu’à les épuiser toutes. On pourrait se dire que Mounir est très naïf, mais pour lui, il avant tout un grand sentimental. Et là, c’est simplement son cœur qu’il veut écouter.
Tous les jours, il va à Plaisir pour retrouver son amie. Drôle de nom que celui de cette ville, alors que c’est dans cette ville-même que deux destins se retrouvent séparés.
Mounir entre en contact avec l’avocat commis d’office. Il espère obtenir de lui des solutions, des conseils, ou du moins quelques propos réconfortants qui laisseraient entendre qu’il existe encore un moyen de faire fléchir le juge. Mais l’avocat n’hésite pas à afficher son pessimisme. Il ne voit pas ce qu’il peut plaider ; Marica est le type même d’étranger qui ne pose aucun problème aux conditions d’expulsion.
L’avocat commis d’office ne veut pas l’aider, qu’importe. Mounir en trouvera un autre qui acceptera de le faire, et il payera ce qu’il faut payer.
Chacun a essayé de le résonner : à quoi cela servait-il de se ruiner pour un cas de aussi désespéré que le sien ? Mounir, ne voulait-il pas admettre qu’il s’agissait là d’une lutte du pot de terre contre le peau de fer ? Mais Mounir était persuadé que l’on pouvait encore croire à la Justice française, ce pays des Droits de l’Homme.
Aussi, peu après, le voilà dans le cabinet d’une grande avocate de Versailles. L’avocate comprend vite que l’homme s’est laissé surtout égaré par son désespoir. Elle ne tient pas à abuser de sa naïveté et lui expose clairement la situation.
Même avec le meilleur des dossiers, son amie risque à 80% d’être expulsée dans son pays, et le prix des honoraires s’élève presque à 2000 €. Tout au plus, elle peut proposer une solution intermédiaire : pour 700 €, elle peut rencontrer son amie au parloir et essayer de trouver des solutions avec elle.
Sept cent euros juste pour une petite visite au parloir ! Mounir comprend bien vite que ça ne vaut pas le coup. Alors, il salue l’avocate, et la laisse après l’avoir également remerciée pour sa franchise.
Mais retenez bien le chiffre avancé par l’avocate : 80% d’échec avait-elle prédit.
Dépité, Mounir retourne vers la communauté philippine. Mais là, tout à coup, il a une surprise. Une amie de Marica veut lui parler. Elle a peut-être l’idée d’une solution. Inutile de passer par les associations qui sont submergées de dossier. En revanche, au Consulat, il y a un homme qui peut peut-être les aider.
Sans hésiter, Mounir décide de rencontrer l’homme en question. Celui-ci ne peut rien faire par lui-même, mais il connaît l’adresse d’un très bon avocat qui pourra l’aider. Mounir, malgré son côté naïf, a compris ; l’homme et l’avocat sont de mèche et tous deux tirent profit de ce marché juteux qu’offre le désespoir des hommes. Car il est évident que le désespoir est encore le meilleur des arguments pour inciter un homme à débourser.
Mais de toute façon, Mounir n’a pas le choix : il doit rencontrer cet avocat, puisque dès lors, ses dernières chances de revoir Marica sont entre les mains de cet homme.
L’avocat étudie la situation avec une certaine circonspection ; on voit qu’il est déjà rôdé aux affaires de ce genre. Et en quelques minutes, il réussit à afficher son pronostic : à 80% il a la possibilité de libérer son amie.
Mounir n’est pas sûr d’avoir bien compris ; l’avocat parle-t-il de 80% de risque d’échec, comme sa consœur de Versailles, ou au contraire de 80% d’espoir de réussir, ce qui paraît impossible ?
Mais Maître X... insiste bien : 80% de réussite, en raison d’un vice de procédure. D’ailleurs, les conditions de versement d’honoraires qu’il propose ne peuvent que rassurer son client. En cas d’échec, Mounir ne devra payer que 750 €, mais s’il réussit, il lui faudra verser 500 € supplémentaires qui serviront aux démarches nécessaires pour l’obtention des papiers, soit un total de 1250 € comme prix de la liberté.
Pour Mounir, ce sont des sommes importantes qui vont l’obliger à s’endetter, mais qu’importe... Qu’on ne lui parle pas de la valeur de l’argent. Lui, il a su ce que c’était la valeur de l’argent et il a vu vers quoi l’argent l’a mené. Il n’a donc aucune leçon à recevoir de quiconque ; qu’importe s’il s’endette : de toute façon, il préfère s’endetter par amour plutôt que de s’enrichir pour combler un vide affectif. Et pour avoir connu les deux situations, il sait de quoi il parle, Mounir !
Arrive le jour du jugement. Ce jour-là, sur le bureau du juge, 80 dossiers qui portent avec eux, le destin de 80 étrangers et parmi ces étrangers, il y a Marica.
Oui, une fois encore, on se retrouve avec ce nombre 80. Celui qui rappelle les statistiques des avocats : 80% d’échec pour l’un ; 80% de réussite pour l’autre. La contradiction totale.
Parmi ces étrangers, pas de Philippins, mais des destinations aussi lointaines que celle de Marica, car dès lors, on pense déjà au trajet, à la destination, au retour au pays. Et parmi ces retours attendus, il y en a aussi des quantités du côté de l’Asie : des Indous, des Malaisiens, des Japonais... Les lois des sans papiers semblent vraiment n’épargner aucune nation.
Les verdicts se suivent et se ressemblent. Pour tous, le juge prononce la décision de l’expulsion. Tour à tour, des rêves qui se brisent dans ce Tribunal devenu pour la circonstance, un abattoir de destinées humaines. Mais Marica n’est pas encore passée, et quand Marica arrive à son tour à la barre, elle est accompagnée d’un très bon avocat. Décision du juge : Marica ne sera pas expulsée.
Dans ce Tribunal, 80 étrangers ont été jugés et tous ont été expulsés à l’exception de Marica. Cette fois, les chiffres parlent d’eux-mêmes. En fin de compte, pour Marica, la chance de s’en sortir était de 1 sur 80, mais cette chance elle l’avait déjà rencontrée en rencontrant Mounir.
Quand Mounir est allée la chercher à la sortie de sa prison, celle-ci lui a dit ironiquement :
– “ Ici, on était bien logé, bien nourri, c’était comme des vacances à l’hôtel.”
Alors, Mounir lui a répondu avec la même ironie :
– Ecoute, si l’endroit te plaît autant, tu peux toujours y rester.”
Voilà donc une histoire d’amour tout à fait authentique, et comme il en existe rarement à notre époque moderne. C’est une histoire toute récente, qui s’est déroulée durant ces dernières vacances de Pâques et je tenais à vous la racontrer pour vous montrer que l’on ne voit plus vraiment les étrangers de la même façon, quand on prend la peine de s’intéresser à leur vie. Du moins, j’espère que ce témoignage pourra permettre à des gens racistes de se débarrasser de leur haine. Car, j’ai envie d’ajouter : 80% de haine raciale est due à de l’ignorance. Oui, j’ai bien dit 80% !...
Après les vacances de Pâques, Mounir était de nouveau présent aux cours de français et tout est redevenu normal.
Sauf que maintenant, ce sont les autres élèves qui taquinent Mounir. Et voilà ce qu’il entend comme commentaire :
– « Tu as libéré ta belle de sa prison. Maintenant tu n’as pas le choix : tu dois l’épouser.»
Une belle histoire à lire jusqu’au bout ; elle ne manquera certainement pas de vous étonner et de changer votre point de vue des étrangers. Elle est arrivée à un de mes élèves et elle est donc parfaitement authentique. Seuls les noms des personnes concernées ont été changés.
Si mes cours de FLE sont une porte ouverte pour les étrangers de ma région qui veulent ou ont besoin d’apprendre le français, ils sont également, pour certains, une sorte de port d’attache et, parfois aussi, un lieu de rencontres.
L’élève dont je veux vous parler est un Tunisien à l’air jovial. De belle allure et de bonne condition physique, il ne fait pas ses 50 ans. Mais surtout, chez lui, on remarque ses airs étonnés et sa vision un peu candide des réalités, qui en font un perpétuel adolescent à la fois taquin et plein de gentillesse.
Aussi, on est un peu surpris d’apprendre ce que fut sa vie passée en Tunisie. Artisan bijoutier, habitué à voir passer sous ses doigts des diamants, des saphirs, des émeraudes et toutes sortes de perles rares, il avait réussi à se faire une belle situation et avait vécu, avec sa famille, dans des conditions très confortables.
Mais, d’après lui, ce qui fit sa richesse, fit aussi sa ruine. Là-bas, même pour ses proches, il ne fut qu’un coffre-fort. Sans doute avait-on remarqué sa très grande gentillesse et sa facilité à faire confiance ; de toute part, il fut abusé et entraîné dans des coups tordus. Il divorça d’une femme qui essaya, elle aussi, de lui soutirer son argent et eut à faire face à une avalanche de procès. Mais là-bas, la corruption est partout ; impossible d’avoir confiance en la Justice. La seule solution, fut donc aussi la plus extrême : tout abandonner à ces prédateurs qui en voulaient tant à sa fortune, et s’exiler. Ainsi, mon élève – nous l’appellerons Mounir – laissa derrière lui tous ses biens et se retrouva en France, plus démuni et plus seul que jamais.
Mais il réussit à obtenir des papiers et une société d’aides à la personne le prit sous sonaile pour ainsi dire ; ses recruteurs avaient aussitôt repéré chez cet homme d’excellentes qualités manuelles en plus d’un côté sérieux et volontaire. Mais à cela, il restait un obstacle : la langue. Aussi, c’est cette sociéré qui envoya Mounir à mes cours.
Quand Mounir est arrivé, on avait l’impression d’avoir un homme abattu, au bout du rouleau ; en fin de compte, il était en pleine dépression. Mais très vite son comportement se transforma et, indéniablement, mes cours y étaient pour quelque chose.
En effet, grâce aux cours, Mounir put sortir de son isolement et le contact avec les autres élèves lui redonna une autre vigueur et une joie de vivre tout à fait inattendue. Autant dire, la métamorphose fut totale. Ses progrès en français ne furent pas aussi rapides que l’évolution de son moral, néanmoins il tenait bon et s’acharnait avec une certaine constance qui l’aidait à avancer. A ses efforts, on devinait que la montée était dure, mais il avait aussi la patience et la tenacité de la tortue qui arrive, parfois, à doubler le lièvre. Peu à peu, il se mit à comprendre, puis à parler, mais il faut dire qu’il avait là une raison supplémentaire qui le motivait ; celle de communiquer avec les autres élèves qui, bin souvent, n’étaient pas capables de le comprendre dans sa langue.
Ainsi, Mounir apprit bien vite à mettre de l’ambiance dans les cours et, il faut dire les choses, il était assez doué pour ça. Avec ses questions déconcertantes, ses intonations, sa manière de déformer le sens des phrases, parfois involontairement, il réussissait assez facilement à provoquer des fous rire, ce qui le rendit rapidement très sympathique aux yeux des autres élèves et, surtout, je dirais, des jeunes filles. Car bien sûr, pour ce grand cœur esseulé qu’était Mounir, l’idée d’une conquête féminine ne tarda à le tarauder. Mais au lieu de se tourner vers des femmes de sa communauté, comme on aurait pu s’y attendre, c’est à la communauté philippine qu’il s’intéressa.
Dans cette communauté philippine, presque essentiellement des femmes, filles mères pour la plupart, et qui envoient à leurs enfants restés au pays, une partie de leur salaire durement gagné en France, dans des heures de ménage ou de garde d’enfants.
Aux Philippines, on est dans une telle misère noire, que bien des pères refusent de prendre en charge l’éducation de leurs enfants. Alors, soit on est dans une famille traditionnelle où les jeunes filles vierges sont mariées contre leur gré à des maris qu’elles n’ont pas choisi ; soit les jeunes filles sont laissées libres et dans ce cas, la plupart du temps, elles se retrouvent seules à élever leurs enfants.
Mais le désespoir de ces jeunes femmes ne s’arrête pas là ; trop démunies pour pouvoir subenir aux besoins de leurs enfants, toutes courent après des solutions qui leur font éviter une vie de mendicité dans la rue. Certaines essayent le chemin des études, mais là encore, peu d’espoir d’ascension, ni de s’en sortir. Aussi, l’unique porte suscepitble de s’ouvrir sur leurs rêves devient l’étranger. Cependant, quelle porte bien dangereuse quand on connaît les pays susceptibles de recruter ces femmes ; l’un de ces Edolrado n’est autre que l’Arabie Saoudite où, certes, les pétrodollards coulent à flot, mais où – comme chacun sait – les conditions de la femme sont des plus terribles.
Pour ces Philippines, le besoin d’argent est tellement prioritaire qu’elles négligent les risquent qu’elles encourent à se rendre dans des pays comme celui-ci. Pour elles, aucun danger n’est assez grand pour les dissuader d’un changement de vie. Il faut absolument qu’elles tentent le tout pour le tout, non seulement pour elles mais aussi pour leurs enfants, et le sacrifice d’une mère pour son enfant, ça peut même être aussi la mort.
Aussi, beaucoup d’entre elles tombent dans le piège de familles saoudiennes, qui saisissent leurs papiers et en font des esclaves. Les unes sont battues ; les autres violées ; on les empêche de sortir, de dormir, de manger à leur faim. Dans ce pays, on continue encore à lapider les femmes, à couper des mains et à trancher des têtes. D’après une de mes élèves, là-bas, après une exécution publique, les spectateurs applaudissent. Comme au spectacle, ils se sont bie régalés... C’est dire les mentalités.
Comment fuir cet enfer, dans un pays où c’est la barbarie qui fait la loi et la moralité de tout un peuple ? Beaucoup n’y parviendront sans doute jamais. Mais dans les têtes de ces femmes, il y a quand même une toute petite lueur qui brille, juste une petite lueur qui les aide à tenir et à supporter l’insupportable. Chaque matin, à leur réveil, elles ont cette lueur qui les aide à se lever et chaque soir c’est cette même lueur qui les aide à s’endormir. Et quelle est donc cette peitte lumière qui leur donne tant la force d’espérer ? Tout simplement, elles ont entendu parler d’un pays ; dans ce pays, pas autant de luxe et de richesse qu’en Arabie Saoudite, mais il y a quelque chose de bien plus précieux et que l’on appelle les Droits de l’Homme. Ce pays, bien sûr, c’est la France, et c’est ça ce qui permet à ses femmes de tenir dans l’enfer.
Pour une de mes élèves, le miracle eut lieu au cours d’un voyage. La famille saoudienne qui la retenait comme esclave avait décidé de passer ses vacances en France : une véritable aubaine pour mon élève, qui ne loupa pas l’occasion de prendre la poudre d’escampette. C’est donc comme ça qu’elle est arrivée en France ; en fuyant ses tortionnaires.
Pour d’autres, la solution reste celle de passeurs clandestins. C’est très dangereux, très incertain et surtout très cher, mais là encore, cela reste l’unique solution. Et ce qu’ a choisi cette maman philippine que nous appellerons Marica. Marica a pu laisser ses enfants à sa famille en échange de promesses d’argent, qu’elle enverrait de l’étranger. Mais Marica ne peut pas payer. Cependant, il lui reste une maison. Si elle la vend, elle pourra donner un peu d’argent à ses enfants, et tout le reste ira à un passeur. Tout le reste, c’est-à-dire, l’équivalent de 10.000 euros, ce qui là-bas, correspond à l’argent de toute une vie.
Comme Mounir, Marica doit se séparer de tous ses biens à des vautours, et elle va se retrouver en France, seule et sans ressources. Mais l’essentiel est là : elle est France ; elle peut vivre librement et travailler pour ses enfants : elle fait partie des heureuses rescapées de l’enfer. Rapidement, elle va finir par trouver des heures de ménage et se débrouiller pour partager le loyer d’une chambre de bonne avec une amie.
Marica ne parle pas français, mais elle hésite à prendre des cours. Ses expériences passées ont fait d’elle une femme effarouchée. Elle se méfie de tout, y compris des structures administratives. Marica est seulement passée dans l’association, juste pour voir, mais elle n’est pas restée ; son seul refuge, ce sont ses amies philippines et elle ne voit donc pas l’intérêt d’apprendre la langue ; ses amies philippines seront de toute façon sa seule famille.
Marica croit ça, mais en fin de compte, elle va se tromper. Car, quelques années plus tard, celui qu’elle rencontre, c’est Mounir. Mounir et Marica ne parlent pas la même langue ; ils n’ont pas la même culture, ni les mêmes traditions, ni la même religion ; tout les sépare, sauf bien sûr ce desrin de naufragé de la vie qui les ont fait échouer l’un et l’autre en France. Alors, Marica prend une décision ; elle fait sa valise et va s’installer chez Mounir.
On pourrait dire qu’il s’agit là, pour l’un et l’autre, de l’heureux dénouement d’un terrible parcours, qui les mène enfin, à une vie tranquille et tant méritée, où enfin il devient possible de goûter à la saveur du bonheur. Mais leur histoire ne s’arrête pas là...
Après son travail, Marica doit prendre un train dans une gare de Versailles. Arrivent des policiers. Contrôle d’identité. On lui demande ses papiers. Marica n’en a pas. Marica ne prendra pas son train, comme prévu ; elle est emmenée dans un commissariat de l’Essonne.
Quand Mounir apprend la nouvelle, c’est le coup de massu. Marica est sa seule joie de vivre, son seul bonheur. En France, il n’a qu’elle ; sans elle, il va se retrouver une fois encore, seul au monde... Aussi, à l’instant même où Mounir apprend la nouvelle, sa décision est déjà prise : il fera tout, absoluement tout pour essayer de libérer son amie. Et déjà, il commence par manquer son travail pour aller la retrouver dans le commissariat de l’Essonne.
Quand il arrive sur place, il demande aussitôt des nouvelles de Marica et on essaye alors de le rassurer : son amie va bien. Mais Mounir entend pleurer et, pas de doute, c’est bien Marica qui pleure. Comment peut-elle aller bien si elle pleure ? Il demande à la voir. Et là, quelle surprise : Marica n’est pas dans une cellule, non, mais dans une cage d’un mètre sur un mètre, sans eau ni électricité, et infectée par d’insupportables odeurs d’urine et d’excrément. Et c’est dans ce lieu insupportable, où certains hésiteraient à mettre leur chien, que Marica doit rester enfermer 48 heures, sans vêtement de rechange, sans brosse à dents... rien. Pour Mounir, la situation est presque aussi intolérable que pour son amie. Pas question qu’il la laisse, pas question qu’il l’abandonne. D’ailleurs, Marica lui supplie de l’aider.
Marica ne parle pas français, et pour Mounir, s’exprimer dans cette langue reste difficile, mais il peut y arriver. Son seul espoir est là ; il doit appeler “à l’aide” et il faut parler français pour cela. Or, des deux, seul Mounir peut le faire.
Sans attendre, Mounir va retrouver la communauté philippine. Là, il va bientôt pouvoir parler aux amies de Marica et bénéficier d’un précieux soutien. Du moins, c’est ce qu’il croit. Mais quand il arrive, les Philippins sont soudains frappés d’une étrange amnésie. Marica ? Mais c’est qui ? On ne connaît pas cette personne là...
Mounir à compris ; il n’aura personne pour l’aider et pour aider Marica. Dès lors, il n’y a plus que lui pour tenter d’entreprendre quelque chose. Ainsi, tout le destin de Marica, désormais, repose sur ses seules épaules. Car Mounir, bien sûr, veut croire qu’il est possible de la libérer. Ici, c’est le pays des Droits de l’Homme, la Justice n’est pas corrompue comme dans son pays. Ici, on peut encore croire à la Justice.
Quarante-huit heures se sont écoulées. Pas de libérations possibles pour Marica. Celle-ci doit être alors transférée dans le Centre de rétention de Plaisir, où des étrangers du monde entier attendent sans grand espoir, le moment d’être jugé.
Changement total de décor ; cette fois des cellules spacieuses avec des draps propres et les repas qui sont servis, offrent une nourriture de bonne qualité et appétissante. Marica est tellement stupéfaite par ce confort, qu’elle en oublie presque les raisons de sa détention : elle a presque l’impression d’être à l’hôtel.
Mais pour Mounir, le moral est au plus bas. Il finit par comprendre : l’espoir de libérer Marica est faible. Même s’il a décidé de poursuivre son combat, il ne sait plus très bien ce qu’il doit croire. Peut-être qu’il a déjà perdiu son amie ; peut-être qu’il devrait déjà commencer à l’oublier.
Mais tant qu’elle sera là, il ne la laissera pas. Tant qu’il restera des solutions, il les emploiera, les unes après les autres, jusqu’à les épuiser toutes. On pourrait se dire que Mounir est très naïf, mais pour lui, il avant tout un grand sentimental. Et là, c’est simplement son cœur qu’il veut écouter.
Tous les jours, il va à Plaisir pour retrouver son amie. Drôle de nom que celui de cette ville, alors que c’est dans cette ville-même que deux destins se retrouvent séparés.
Mounir entre en contact avec l’avocat commis d’office. Il espère obtenir de lui des solutions, des conseils, ou du moins quelques propos réconfortants qui laisseraient entendre qu’il existe encore un moyen de faire fléchir le juge. Mais l’avocat n’hésite pas à afficher son pessimisme. Il ne voit pas ce qu’il peut plaider ; Marica est le type même d’étranger qui ne pose aucun problème aux conditions d’expulsion.
L’avocat commis d’office ne veut pas l’aider, qu’importe. Mounir en trouvera un autre qui acceptera de le faire, et il payera ce qu’il faut payer.
Chacun a essayé de le résonner : à quoi cela servait-il de se ruiner pour un cas de aussi désespéré que le sien ? Mounir, ne voulait-il pas admettre qu’il s’agissait là d’une lutte du pot de terre contre le peau de fer ? Mais Mounir était persuadé que l’on pouvait encore croire à la Justice française, ce pays des Droits de l’Homme.
Aussi, peu après, le voilà dans le cabinet d’une grande avocate de Versailles. L’avocate comprend vite que l’homme s’est laissé surtout égaré par son désespoir. Elle ne tient pas à abuser de sa naïveté et lui expose clairement la situation.
Même avec le meilleur des dossiers, son amie risque à 80% d’être expulsée dans son pays, et le prix des honoraires s’élève presque à 2000 €. Tout au plus, elle peut proposer une solution intermédiaire : pour 700 €, elle peut rencontrer son amie au parloir et essayer de trouver des solutions avec elle.
Sept cent euros juste pour une petite visite au parloir ! Mounir comprend bien vite que ça ne vaut pas le coup. Alors, il salue l’avocate, et la laisse après l’avoir également remerciée pour sa franchise.
Mais retenez bien le chiffre avancé par l’avocate : 80% d’échec avait-elle prédit.
Dépité, Mounir retourne vers la communauté philippine. Mais là, tout à coup, il a une surprise. Une amie de Marica veut lui parler. Elle a peut-être l’idée d’une solution. Inutile de passer par les associations qui sont submergées de dossier. En revanche, au Consulat, il y a un homme qui peut peut-être les aider.
Sans hésiter, Mounir décide de rencontrer l’homme en question. Celui-ci ne peut rien faire par lui-même, mais il connaît l’adresse d’un très bon avocat qui pourra l’aider. Mounir, malgré son côté naïf, a compris ; l’homme et l’avocat sont de mèche et tous deux tirent profit de ce marché juteux qu’offre le désespoir des hommes. Car il est évident que le désespoir est encore le meilleur des arguments pour inciter un homme à débourser.
Mais de toute façon, Mounir n’a pas le choix : il doit rencontrer cet avocat, puisque dès lors, ses dernières chances de revoir Marica sont entre les mains de cet homme.
L’avocat étudie la situation avec une certaine circonspection ; on voit qu’il est déjà rôdé aux affaires de ce genre. Et en quelques minutes, il réussit à afficher son pronostic : à 80% il a la possibilité de libérer son amie.
Mounir n’est pas sûr d’avoir bien compris ; l’avocat parle-t-il de 80% de risque d’échec, comme sa consœur de Versailles, ou au contraire de 80% d’espoir de réussir, ce qui paraît impossible ?
Mais Maître X... insiste bien : 80% de réussite, en raison d’un vice de procédure. D’ailleurs, les conditions de versement d’honoraires qu’il propose ne peuvent que rassurer son client. En cas d’échec, Mounir ne devra payer que 750 €, mais s’il réussit, il lui faudra verser 500 € supplémentaires qui serviront aux démarches nécessaires pour l’obtention des papiers, soit un total de 1250 € comme prix de la liberté.
Pour Mounir, ce sont des sommes importantes qui vont l’obliger à s’endetter, mais qu’importe... Qu’on ne lui parle pas de la valeur de l’argent. Lui, il a su ce que c’était la valeur de l’argent et il a vu vers quoi l’argent l’a mené. Il n’a donc aucune leçon à recevoir de quiconque ; qu’importe s’il s’endette : de toute façon, il préfère s’endetter par amour plutôt que de s’enrichir pour combler un vide affectif. Et pour avoir connu les deux situations, il sait de quoi il parle, Mounir !
Arrive le jour du jugement. Ce jour-là, sur le bureau du juge, 80 dossiers qui portent avec eux, le destin de 80 étrangers et parmi ces étrangers, il y a Marica.
Oui, une fois encore, on se retrouve avec ce nombre 80. Celui qui rappelle les statistiques des avocats : 80% d’échec pour l’un ; 80% de réussite pour l’autre. La contradiction totale.
Parmi ces étrangers, pas de Philippins, mais des destinations aussi lointaines que celle de Marica, car dès lors, on pense déjà au trajet, à la destination, au retour au pays. Et parmi ces retours attendus, il y en a aussi des quantités du côté de l’Asie : des Indous, des Malaisiens, des Japonais... Les lois des sans papiers semblent vraiment n’épargner aucune nation.
Les verdicts se suivent et se ressemblent. Pour tous, le juge prononce la décision de l’expulsion. Tour à tour, des rêves qui se brisent dans ce Tribunal devenu pour la circonstance, un abattoir de destinées humaines. Mais Marica n’est pas encore passée, et quand Marica arrive à son tour à la barre, elle est accompagnée d’un très bon avocat. Décision du juge : Marica ne sera pas expulsée.
Dans ce Tribunal, 80 étrangers ont été jugés et tous ont été expulsés à l’exception de Marica. Cette fois, les chiffres parlent d’eux-mêmes. En fin de compte, pour Marica, la chance de s’en sortir était de 1 sur 80, mais cette chance elle l’avait déjà rencontrée en rencontrant Mounir.
Quand Mounir est allée la chercher à la sortie de sa prison, celle-ci lui a dit ironiquement :
– “ Ici, on était bien logé, bien nourri, c’était comme des vacances à l’hôtel.”
Alors, Mounir lui a répondu avec la même ironie :
– Ecoute, si l’endroit te plaît autant, tu peux toujours y rester.”
Voilà donc une histoire d’amour tout à fait authentique, et comme il en existe rarement à notre époque moderne. C’est une histoire toute récente, qui s’est déroulée durant ces dernières vacances de Pâques et je tenais à vous la racontrer pour vous montrer que l’on ne voit plus vraiment les étrangers de la même façon, quand on prend la peine de s’intéresser à leur vie. Du moins, j’espère que ce témoignage pourra permettre à des gens racistes de se débarrasser de leur haine. Car, j’ai envie d’ajouter : 80% de haine raciale est due à de l’ignorance. Oui, j’ai bien dit 80% !...
Après les vacances de Pâques, Mounir était de nouveau présent aux cours de français et tout est redevenu normal.
Sauf que maintenant, ce sont les autres élèves qui taquinent Mounir. Et voilà ce qu’il entend comme commentaire :
– « Tu as libéré ta belle de sa prison. Maintenant tu n’as pas le choix : tu dois l’épouser.»
1. grandeloupo le 08-05-2009 à 22:47:57
Bien cette histoire sans aucun doute réelle, car je ne vois pas ce que le mensonge vous apporterait.
De part ma profession j'ai été dans beaucoup de Pays et je peux dire que plus d'une fois j'ai eu un peu la trouille surtout dans les pays de l'est car à l'époque c'était encore la "guerre froide". J'ai toujours exigé à mes gars qu'ils respectent la Loi du pays ou ils vont. Mais pour moi qui ait traversé les pays "Arabe" si aujourd'hui il y avait un probléme en France, je peux aller dans n'importe quel Pays car labas j'aurai toujours le gite et le couvert pour finir mes vieux jours. Une chose est sûr la politique et la religion tuent par leur fanatisme et leur dogme. Le seul chose que j'ai constaté, est que l'"étranger" en France ne respecte pas ce Pays d'accueil, et si seulement ils se tenaient comme dans leur pays d'origine ! ...!
Salutations cordiales
"GRANDELOUPO"
2. Naïf le 14-07-2009 à 14:46:24
Bonjour,
Je ne ferais pas un long discours sur ce que je viens de lire.... car rendre voyant des aveugles naïfs, autrement dit des bobos idéalistes, idiots utiles du patronat... est la plus difficile des tâches... et j'en suis fatigué. Autre solution pour leur ouvrir leurs yeux de privilégiés protégés, les faire vivres quelques années en HLM dans des quartiers que l'on appelait autrefois "populaire" et que j'appelle moi "tiers-mondisés", terme bien plus réaliste et imagé.
Donc de simples petits éclaircissements ou quelques questions à se poser, au cas une petite lueur pourrait attirer la luciole...
Défendre le pillage de ces emplois et donc les futurs emplois de ces enfants c'est être raciste ?
Je vous rappelle que depuis 40 ans plus d'1 million de chômeurs, depuis 10/15 ans 2 millions, actuellement 2,5 millions, et ce sont les chiffres officiels, donc vous pouvez au moins les doubler. Et ne me sortez pas le sempiternelle "Ils font le travail que les Français ne veulent pas faire"... Ce serait insulter ma famille et mes ancêtres. Ma mère (bien française) a travaillé en usine toute sa vie, mes grands parents, mes arrières grands parents et mes ancêtres ont vidé leurs poubelles eux-mêmes ou par des biens Français Européens depuis la nuit des temps et n'ont pas attendu les arabes ou les africains pour le faire. Si ces métiers difficiles étaient payés à leurs justes valeurs, ils y auraient de longues files d'attente de Français Européens pour s’y porter candidat. Seuls les patrons et leurs amis nos gouvernants profitent de cette main-d'oeuvre moins chère et corvéable à merci pour nous mette en concurrence avec eux... et même carrément réussi à remplacé le peuple ouvrier Français (trop coco, trop syndiqué et trop revendicateur à leur goût peut-être ? voire trop intelligent ?) par les peuples du tiers monde...
Défendre sa sécurité (et surtout celle de ses enfants) c'est être raciste ?
Une petite maxime "Tout les immigrés ne sont des délinquants, mais la majorité des délinquants sont issue de l'immigration" (non Européenne, bien entendu). 80 % de prisons des grandes villes Françaises (en Îles de France en tout les cas) sont remplis de non Européens et majoritairement de blacks et de magrébins. Ceci serait-il faux ? Et ne me parlez pas d'excuse de pauvreté ou d'immigration, je suis issue des classes les plus pauvres, issues des quartiers extrêmement populaires (c'est pour cela que je les connais bien, car j'ai vécu avec eux et j'aimerai bien savoir ou vous-même avez grandi?... Mais je m'en doute et sûrement pas avec eux, sûrement pas en HLM) et moi-même issue de l'immigration Européenne (Italienne de par mon père), jamais nous n'avons été comme eux.
Défendre ses impôts c'est être raciste ?
Les salles d'attente des CAF (en Îles de France en tout les cas) sont remplies de non Européens à 90 %, et même % chez les employés d'accueil et de sécurité de ces mêmes CAF, en avez-vous souvent visité ? Plus de 20 plans banlieues inutiles se chiffrant en milliards d'Euros depuis 30 ans... et ces 2 aspects ne sont que la partie immergée de l'iceberg, car la liste est longue... justice, prisons, santé (des victimes et malheureusement des agresseurs aussi), aides continuelles des quartiers populaires (autrement dit des quartiers "tiers-mondisés"), soins gratuits pour les étrangers, hôtels d'hébergements, hôpitaux de la région parisienne remplis à 80% de non Européens.
Défendre ces places d'écoles et places de logements, qui étaient déjà difficiles à obtenir quand il n'y avait que des Français Européens en France, et qui le sont 2 x plus maintenant, c'est être raciste ?
Voir sa culture et sa civilisation disparaître, se transformer et se plier aux moeurs arriérées d'autres cultures bien moins évoluées... c'est être raciste ?
Et j'assume totalement ce que je dis... "Tout ne vaut pas tout" et ceci est valable tout autant pour les cultures. Voir l'islam (la pire des religions obscurantistes, bien quelles le soient toutes pour moi) s'implanter dans mon pays, de plus en plus de femmes voilées (et parfois très jeune), de barbus, de femmes en boubou, en sari, de djellabas... et être obligé de supporter la promiscuité avec ses dites "cultures", être obligé de vivre avec eux alors que l'on n’avait rien demandé et que l'on aurait préféré les fuir ou passé les voir uniquement en voyages touristiques temporaires...
Donc en gros partager les ressources (et donc en particulier nos emplois) déjà limitées de notre territoire... loi de la nature immuable malheureusement.
Et parce qu'il faut bien appeler les faits par leur vrai nom maintenant, subir un "peuplement de remplacement" historique et en moins de 50 ans c'est être raciste ?
Il y a en France entre 10 et 15 millions de personnes (20 à 25 %) qui ne sont plus d'origines Européenne... et je le répète tellement c'est pathétique, de soumissions et de preuve de la faiblesse de l'esprit humain à parfois accepter l'inacceptable... ceci en moins de 50 ans... Événement historique jamais vécu de toute notre histoire. Et ceci est-il réciproque dans leur pays d'origine ? Non, uniquement pour nous (autres "non dits" entre nous), le fameux "colore le monde"... uniquement le monde Occidental, ça oui...
À cette vitesse, dans les prochaines 50 années, les peuples non Européens seront majoritaires en France... et malheureusement quand vous remplacez le peuple, vous remplacez sa culture... et sûrement sa mémoire... et bien sûr un jour la tête du pouvoir.
Et pourquoi je dis "Européen" ou "Français Européens" au lieu de "Français" dans mon texte ? Parce que vous qui avez l'air de connaître tant l'histoire et qui vous intéressez tant aux "non-dits" historiques, vous savez bien que les Français sont Européens (nés en France ou pas) depuis la nuit des temps et quasiment rien d'autre (d'ailleurs, il suffit de regarder les archives de plus de 40 ans de l'INA, pour ce rendre compte du cataclysme des 50 dernières années...). Européens mis à part le passage de quelques Sarazins et Turquo mongoles (Huns) ultras minoritaires et qui n'ont rien laissé de leur passage, tant culturellement que génétiquement en France... Malgré le mensonge d'État ressassé à longueur de temps "la France est une terre d'immigration", oui, mais ce qu'ils oublient de dire, immigration (militaire ou pacifique) quasiment qu'Européenne. Les Celtes n'étaient pas de Gaule, mais d'Europe centrale et bien avant, comme tout les peuples d'Europe, issue de l'explosion démographique et civilisationnelle Indo-Européenne des environs de la Mer Noire, puis la Gaule (du sud) peuplée de Grecs Européens, puis de Romains Européens, de Germains Européens (qui s'appelaient Francs entre autres...), de Scandinaves (Vikings, Normands) Européens... Donc depuis 2500 ans (et bien avant j'imagine), les Français vivant entre Européens jusqu'aux 50 dernières années...
Moi qui voulais faire cours... mais quand il faut dénoncer des "non-dits" je ne suis jamais le dernier et je me laisse emporter, j'aime tant la vérité
Et en conclusion, si tout cela (et j'en oublis sûrement) c'est être raciste (pour certains) alors j'assume, une fois de plus. Bien que pour moi la seule définition de "raciste" se soit celle du dictionnaire, qui y dit que c'est croire que sa race est supérieure à d'autres races... ce que je ne pense pas et que je n'ai jamais dit... "Culturaliste" peut-être, mais cela ne me gêne pas, en effet je ne suis pas relativiste et comme je l'ai déjà dit, sur cette planète "tout ne vaut pas tout" et ceci est valable pour les cultures et les civilisations donc pour les modes de pensée et les comportements.
P.-S. : Pour ce qui est de mettre le mot "racistes" à toutes les sauces et en toutes occasions (et donc de traiter de...) tout ceux (et ils sont nombreux) qui sont d'accord en totalité ou en partie avec ce que je viens d'énumérer. Cette méthode rhétorique est connue sous le nom de « déshonneur par association» : donner une mauvaise image à un adversaire en se concentrant sur des parties de ses dires ou de sa personnalité qui auraient des points communs avec une personnalité méprisée. En 1950, cette méthode fût actualisée sous l’expression faussement latine « reductio ad hitlerum » (la réduction à Hitler). Cette tactique polémique vise à exclure le contradicteur d’une discussion quelconque tout en évitant un débat argumenté. En 1990, Mike Godwin appliqua le déshonneur par association à l’internet naissant, et en particulier aux forums de discussion sur Usenet. Il exprima cela dans une phrase qui devint la « loi de Godwin » : « Plus une discussion sur Usenet dure longtemps, plus la probabilité d’y trouver une comparaison impliquant les nazis ou Hitler s’approche de 1 ». Le moment où arrive cet amalgame implicite ou explicite s’appelle « le point de Godwin ». En France, la « reductio ad hitlerum » devient la « reductio ad lepenum » : quand on veut discréditer son adversaire, on le traite de « lepéniste ». C’est ainsi que procéda sur France O le sociologue Dominique Wolton face à Eric Zemmour qui expliquait que les Français fuyaient les cités ou les quartiers où ils ne sentaient plus chez eux : « Arrêtez, Le Pen, putain ! »...
Tous les régimes « fascistes » pratiquèrent la diabolisassions et le « déshonneur par association » de toute personne considérée comme idéologiquement déviante. Nos talibans modernes et occidentaux ont bien retenu la leçon, en appliquant scrupuleusement un concept qu’ils ont inventé de toutes pièces, et qu’ils ont nommé « lepénisation des esprits ». Peu importe que vous pensiez juste ou faux, votre « esprit » est considéré comme « lepénisé » si vous n’obéissez pas au politiquement correct.
édité le 14-07-2009 à 16:51:25
édité le 14-07-2009 à 16:52:38
édité le 14-07-2009 à 16:55:55
édité le 14-07-2009 à 17:03:11
édité le 14-07-2009 à 17:07:10
3. Naïf le 14-07-2009 à 15:40:07
Ha oui, j'oubliais...
Et tous les témoignages que vous nous présentez à chaque conversation et que pourrez énumérer et avoir dit vivre et ne convainquant que vous. Expériences non représentatives, que je nommerai d'angéliques, pour rester correct, et ne représentant pas, et de loin, 90 % des faits négatifs vécus par le plus grand nombre (consciemment ou pas d'ailleurs) face à cet événement incroyable et historique de ses 50 dernières années, n'y changeront rien.
Bien cordialement
4. emmanuellegrun le 17-07-2009 à 21:32:48 (site)
Vous avez beaucoup critiqué, mais à présent, dites ce que vous avez fait de bien de l'Europe...
Ancienne francilienne, installée dans le Perche depuis trois ans, je suis devenue une adepte de la rando asinienne. Mordue des ânes (aïe !), j'ai commencé par en louer avant d'avoir mon propre âne (à ne pas confondre avec propane) que j'ai moi-même éduqué à la rando.
MES EXPERIENCES
En point de départ de cette passion, quelques petites randos asiniennes de 3 jours à plusieurs. Puis, en 2005, je me suis lancée : traversée de la France d'Est en Ouest (frontière italienne jusqu'à Hendaye), avec un âne loué 3 mois à un éleveur du Béarn. Magnifique voyage que j'ai raconté dans un journal de bord, devenu ensuite un livre. Mais après il a fallu s'en séparer, snirf ! Coup très dur pour l'âme sensible que je suis (J'ai bien dit âme et pas âne ! ). Plus jamais ça. Donc, déménagement pour habiter une maison avec un grand pré et c'est ainsi que Chéri est entré dans ma vie. Chéri c'est le nom de mon âne, qu'on ne se trompe pas.
Puis il y a eu le premier départ avec Chéri : les ponts de la Loire de Saumur à Nantes, en Avril 2007 (à 2), puis le pont de l'île de Ré (à 2), toujours en Avril 2007. Puis en été, les ponts de Normandie (à 2), et en Aout, je suis allée (seule) du pied du pont d'Avignon au viaduc de Millau, en passant par le pont du Gard. Quel est le point commun à toutes ces randos ? Le pont, bien sûr, car j'ai voulu faire une rando sur ce thème. C'est beau les ponts, non ?
L'été 2008, rando d'un autre genre ; je suis partie avec une amie et deux ados pour une rando de 300 km dans le Centre.
Bref, au total déjà plusieurs milliers de km avec un âne et je suis passée par les endroits plus impossibles et les plus inimaginables ; de la vraie aventure, et cela peut commencer au pas de ma porte : pas besoin de s'envoler à l'autre bout du monde pour chercher le dépaysement !
PROJET 2009
A présent, venons en au projet pour cet été 2009. Cette fois, le thème sera : " rando avec un âne et 1 € en poche ". Oui, vous avez bien compris : je n'aurai pas plus d'un euro sur moi. Pas de carnet de chèque, ni de carte bleue, seulement des sacoches bien remplies de produits alimentaires, ainsi que de mes livres (un sur le thème de la rando, un autre sur l’histoire antique).
Mon trajet, qui commencera le 24 juillet (à confirmer), aura pour point de départ les environs de Montluçon, et le but sera bien sûr d'essayer de tenir le plus longtemps possible (au moins 3 semaines). Et, comme vous avez pu le comprendre, tout cela ne dépend pas que de moi, mais aussi de la solidarité et de l'envie pour certains de partager cette expérience.
En point de départ, les magnifiques volcans d’Auvergne avec notamment le Puy de Dôme.
Ensuite, descente en direction du Puy-en-Velay où je retrouve une partie du chemin de Compostelle.
Pour faire les choses bien, alors que nous serons au mois d’Août, descente sur la côté bondée de complexes touristiques, mais moi je n’en aurai pas (de complexes). En fait, j’aime bien mélanger les genres et le contraste entre ma façon de voyager et celle du touriste caricatural m’amuse. Après Alès, cap plein sud pour me rendre à la Grande-Motte. Et ce n’est pas par hasard car dans ce lieu horrible et archi-bétonné, ma fille doit y passer 15 jours. A ma fille, je lui avais offert un voyage en Angleterre, et voilà où elle préfère se rendre... Mais qu’importe, y a la maman qui peut passer avec son âne et qui va pouvoir voir sa grande fifille. Enfin, j’espère que ça lui donnera envie d’essayer autre chose...
Si tout se passe bien, petite remontée sur Arles, Salon de Provence et Aix en Provence (pour éviter Marseille, à moins que...) et direction la Côte d’Azur, jusqu’à Toulon.
A Toulon, tentative pour prendre le Ferry pour la Corse, pour une arrivée à l’Ile Rousse. De là, descente vers Ajaccio en passant par Porto (où je dois normalement retrouver un ami).
Ensuite, deux options : soit je descends tout au Sud, à Bonifacio, pour m’arrêter là, soit je tente de reprendre le ferry à Ajaccio, pour débarquer à Nice. De Nice, je fais la Côte d’Azur jusqu’à St Trop. On arrive alors aux premiers jours de Septembre.
Après, soit j’appelle le van qui doit venir me rechercher, soit j’essaye de remonter, cette dernière initiative me paraissant très improbable vu qu’il y aura là, un ras-le-bol qui commencera à se faire sentir.
Bien sûr, ce ne sont que de vagues “prévisions” dans ce genre de défi qui reste très aléatoire. Peut-être que mon voyage devra s’interrompre avant même que je puisse atteindre la mer. Je précise d’ailleurs que je n’ai pas choisi la facilité, car en me rendant dans des lieux très touristiques et peu habitués à accueillir des randonneurs, je risque de me retrouver dans des situations très compliquées à la fois pour dormir, me nourrir et faire manger l’âne. C’est pour ça qu’il est possible également qu’il y ait des modifications du trajet.
Au cours de la randonnée, je prévois de faire un petit reportage filmé. J’aurais également une grande bâche, sur laquelle, avec un feutre indélébile, on pourra me laisser des messages moyennant une petite pièce symbolique. J’espère ensuite avoir des occasions d’exposer la bâche.
J’essayerais soit de vendre, soit de troquer mes livres. Le premier est très bien pour tenir une serviette de plage. Le second, mis sur le visage, vous évitera les coups de soleil. Enfin, si vous n’êtes pas que superficiels, vous pourrez aussi les lire ; je vous assure, ils vous feront voyager eux aussi.
Comme le défi de ce voyage est de partir avec seulement 1 € symbolique, il me sera bien sûr interdit de demander des espèces sonnantes et trébuchantes à ma famille ou à des proches. A moi seule de me débrouiller, mais de façon honnête qu’on s’entende (à part peut-être, quelques petits fruits chapardés dans des champs...). De même, je ne me prostitue pas, je ne vends pas mes organes et je ne vais pas faire la quête à la sortie des églises et je n’irai pas égorger des poulets dans des poulaillers... Mais peut-être des possibilités d’improviser des conférences en chemin, qui peuvent être sur l’un ou l’autre des thèmes de mon livre...
Sinon, je suis ouverte à – presque – toutes les propositions. Si certains se trouvent sur mon trajet au moment où je passe et s’ils ont la possibilité de m’accueillir avec un âne, alors pourquoi pas ?
En fin de compte, il y a deux types de rencontres qui pourraient saboter complètement ma randonnée : la première serait que quelqu'un décide de m'offrir une valise avec un million d'euros ; la seconde que personne ne veuille me proposer quoi que ce soit, aucune invitation, ni la moindre proposition d'hébergement. Donc, vous avez compris : ne m'offrez pas des millions, mais si vous avez la possibilité de m'accueillir avec mon âne pour un repas ou un hébergement sur mon chemin, ce serait vraiment très très bien...
Alors, peut-être à cet été sur les chemins
Ânemicalement.
Emmanuelle Grün
Livres :
Du Soleil dans les yeux et le pas de l'âne comme un cœur qui bat. Journal d'une traversée de la France avec un âne. Editeur : Yvelinédition. 18 € en librairie.
Egalement sur l'histoire antique :
Silences et non dits de l'histoire antique. Yvelinédition.21 € en librairie
Vidéo
Enfin révélée le vrai centre de la France.
L'année dernière j'ai arrêté ma rando, peu après Chazemais, c'est à dire selon ce qui serait le "vrai" centre géographique de la France métropolitaine (Corse comprise). Ce n'était pas programmé : l'âne s'est mis à boiter à ce moment-là. Beau symbole, d'où l'idée d'en faire mon point de départ pour ma prochaine rando. Sur la vidéo, nous sommes 2 jours avant l'étape finale.
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